1944 : Orléans libérée

2014, à l’occasion des commémorations de la 2nde Guerre mondiale, la ville se rappelle et fête sa libération.

16 août 1944

Une date à marquer d’une pierre blanche pour la cité, quasiment aussi importante que celle de sa délivrance par la Pucelle, le 8 mai 1429. Après cinquante mois d’occupation par les Allemands, soit quatre années et des poussières pourtant longues comme une vie, lourdes comme une chape de plomb, Orléans respire à nouveau, Orléans retrouve l’espoir. Quand, aidée par la Résistance, l’armée du général Patton la libère, c’est la fin d’un cauchemar, l’aube d’une ère nouvelle.

Vers 16h, les troupes motorisées du 137e régiment d’infanterie, régiment du Kansas National Guard de Wichita, entrent dans la ville par le Nord, empruntant le faubourg Bannier. Les chars de la 4e Division Blindée, les jeeps, Harley-Davidson kaki, ambulances et autres véhicules de la 35e division d’infanterie de la 3e armée des USA, et les FFI (Forces françaises de l’intérieur) défilent fièrement dans les rues, sous les yeux ébahis et les hourras des Orléanais à qui ils viennent porter secours. Le gros des troupes débouche sur la place de l’Étape, après avoir traversé la place Gambetta et emprunté la rue de la Bretonnerie, où les libérateurs sont acclamés par la foule en délire. L’Orléans triste, éteinte, terne, défigurée redevient joyeuse, vivante, colorée, métamorphosée.

Défilé rue de la République : de gauche à droite, Pierre Chevallier, maire d'Orléans (second), André Mars, commissaire de la République (troisième), le Général George S.Patton (sixième).

Arrivée des prisonniers allemands sur la place de l'Etape, entourés par des soldats américains.

Chaque année depuis 1945

Pour honorer les GI, résistants et maquisards qui ont conduit à la délivrance, Orléans a pris l’habitude de célébrer ce 16 août, chaque année depuis 1945. L’occasion pour les Orléanais qui ont connu la noirceur, les horreurs et les privations de la guerre de s’amuser et d’exorciser le passé. Et génération après génération, d’entretenir la mémoire. Après une cérémonie au monument de la Victoire où sont joués l’hymne américain et la Marseillaise, les églises font sonner les cloches en souvenir de l’entrée des troupes américaines. Puis, la fin de soirée est dédiée au divertissement, avec un spectacle de variétés donné au parc Pasteur ou au Palais des sports, mêlant music-hall, chansons, cirque, magie... Et, dans un second temps, un grand bal populaire gratuit diffusant les derniers airs à la mode, les premières années dans la salle des fêtes du Campo Santo, puis sous la dalle du parking de la Charpenterie. Jusqu’au début des années 1980, la ferveur des célébrations ne se dément pas. Au fur et à mesure du temps et des disparitions de nombreux témoins de cette époque, les commémorations en viennent à être plus axées sur le souvenir militaire. Le caractère festif réapparaît lorsque l’anniversaire de la Libération passe le cap d’une nouvelle décennie : expositions, défilé de véhicules militaires et bal populaire ravivent la flamme du souvenir.

2014 est de ces temps forts. « Pour célébrer le 70e anniversaire de la Libération, nous avons eu envie d’associer évocation historique et temps de rassemblement festif, indique Abel Moittié, conseiller municipal. Ce sont deux émotions qui furent très présentes après 1944, à la fois ce sentiment de soulagement et l’hommage aux libérateurs, et cette joie et liesse populaire retrouvées ! » Une grande fête à partager tous ensemble en cette date du 16 août, à jamais gravée dans l’histoire d’Orléans.

Emilie Cuchet

De nombreuses photos sur le site des archives municipales