Avant-Première "Five"

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Jour de fête au Pathé Loire, jeudi 21 janvier. La jeune équipe du film Five, emmenée par le beau ténébreux Pierre Niney a charmé le cinéma lors de l'avant-première orléanaise.

Culture

Avant-Première "Five"

Racontez-nous la genèse du film Five.

Igor Gotesman (réalisateur, scénariste et acteur dans le film) : Quand j’ai décidé de faire ce métier, d’écrire et de réaliser, on m’a donné un conseil précieux : « écris sur ce que tu connais ». Cette idée ne m’a pas quitté et pour ma première histoire, j’ai décidé de parler de mes amis, de ce qu’on vivait en groupe. J’ai écrit pour mes potes, Pierre Niney, François Civil… J’en ai fait un court-métrage, il y a quatre ans (sic Made in France). Après avoir trouvé des producteurs, l’histoire a été étoffée, le projet a mûri pour donner naissance à Five. Les personnages du film sont cinq potes, quatre garçons et une fille, aux caractères différents mais complémentaires. Ils sont cinq comme les cinq doigts de la main, les océans et les continents. Ils forment un tout !

Qu’est-ce qui vous a séduit dans le film et dans votre personnage ?

Pierre Niney : J’aime l’idée de la comédie comme objet de divertissement. Dans Five, on sent les références à Bertrand Blier, Cédric Klapisch comme à Judd Apatow. On fait de la comédie sérieusement, pour faire rire, mais avec du fond. Je joue le rôle de Samuel et j’aime son côté optimiste chronique border mytho ! Je passe de l’émotion aux grandes scènes de comédie. Je me suis régalé à jouer ce personnage. Il ne veut pas décevoir ses amis qu’il considère comme sa deuxième famille et se lance dans des péripéties dingues. Ça m’a donné l’occasion de déclamer aussi bien du Victor Hugo que de sortir des néologismes. Le film retranscrit avec beaucoup de justesse un langage authentique de la jeunesse d’aujourd’hui. Il réinvente les nouveaux codes du langage moderne. C’est un film écrit par des jeunes de vingt ans, joué par des jeunes de vingt ans, authentique et vrai. Mais avec des situations dans lesquelles beaucoup de gens peuvent se reconnaître. Et les personnages plus âgés, comme le père de Samuel ou l’artiste complètement barré, permettent de confronter les générations.

François Civil : Je joue Timothée, le classique de comédie un peu teubé. Je me suis éclaté en lisant le scénario, c’est un humour qui me ressemble même si heureusement pour moi, mon personnage lui ne me ressemble pas (rires). Mais je suis très content de le défendre, je lui ai injecté de la sincérité et de la véracité. Le scénario a une base solide, avec une touche de la comédie anglo-saxonne qu’on affectionne beaucoup. Et puis on a eu la liberté de transcender le scénario au moment du tournage. C’est important de laisser vivre au maximum les situations.

Igor Gotesman : On écrit un scénario pour avoir les répliques sur le papier. On projette beaucoup avant. Puis quand arrive le tournage, tout devient réel : les acteurs sont là, on a un décor, un vrai canapé (sourire). Je ne voulais pas brider les acteurs, ils étaient libres de donner leur avis. Notre chance c’est d’être amis dans la vie et de pouvoir se parler sans filtres.

Pierre Niney : Sur le plateau, nous avons inventé plein de trucs. Igor est un amoureux des mots, c’est ce que j’aime dans son écriture. Notre grand avantage, c’est notre envie de délirer tous ensemble pendant les prises, et entre les prises. On épuisait une situation comique jusqu’à l’infini, explorant tour à tour la bêtise, la naïveté du genre humain comme si on ouvrait une multitude de laboratoires. Igor s’est montré très ouvert à ces expériences, aux choses trouvées sur le plateau et je trouve que cela transpire dans le film.

Pas trop difficile de réaliser et de jouer dans son propre long-métrage ?

Igor Gotesman : C’est sûr que je ne me suis pas simplifié la tâche. Mais comme je me suis inspiré de ma propre vie pour écrire l’histoire, chercher quelqu’un qui me ressemble c’était trop compliqué. Et puis cela aurait été frustrant aussi (rires). J’aurais dû dire « Coupez ! » à tout bout de champ pour demander à l’acteur « mais pourquoi tu dis ça comme ça, pourquoi tu bouges comme ça… » Donc, j’ai endossé le rôle de Vadim et j’ai eu 20 jours de tournage sur 40, en tant qu’acteur. Autant vous dire que les 20 autres jours, j’ai pu un peu plus respirer ! Vadim c’est le pote de base, celui qui permet aux gens d’adhérer à l’histoire, de s’identifier. Il possède aussi un petit côté rabat-joie, il n’essaie pas d’embellir les choses et il subit le poids d’un secret qui crée des rebondissements dans l’histoire.

Votre personnage parle dans une scène du film des méthodes d’acteur un peu extrêmes de Daniel Day Lewis qui fait complètement corps avec ses personnages. Comment travaillez-vous vos rôles ?

Pierre Niney : Pour moi le métier du cinéma c’est l’art de s’adapter, d’entrer dans l’histoire des personnages. Le secret est donc de savoir adapter l’outil d’acteur pour chaque projet, de travailler beaucoup. Je n’apprécie pas forcément l’image du caméléon mais c’est un peu ça dans l’idée. J’aime faire des choses très différentes, incarner des personnages aux antipodes les uns des autres. Je sortais de films aux ambiances dramatiques et anxiogènes, St-Laurent et Un homme idéal. J’étais donc heureux de revenir à la comédie avec Five. Pour le reste, je travaille en fonction du réalisateur, et surtout comme au théâtre. C’est l’école d’où je viens. Cela repose sur une connaissance parfaite du scénario et une compréhension totale du personnage. Pour St-Laurent, j’ai lu tout ce qui existait sur le grand couturier jusqu’à tout connaître par cœur. Les répétitions sont très importantes aussi. Sur le plateau de Five, elles nous ont beaucoup servi, nous donnant l’inspiration pour inventer ou au contraire ne plus bouger un mot. Au théâtre, on peut répéter une seule phrase pendant six mois. Au cinéma, tout va très vite, on n’a pas forcément le temps de refaire une prise quand on est dans l’urgence. Je trouve que les répétitions sont essentielles pour bien sentir les choses.

Quels sont vos premiers retours sur le film ?

Pierre Niney : On a présenté le film au festival de l’Alpe d’Huez et à Grenoble. On a eu de très bons retours. C’est fantastique d’entendre les gens rire dans la salle.

Igor Gotesman : On voit des spectateurs de tous âges, des parents venus accompagner leurs enfants, des fans de Pierre… Des publics très différents. Or beaucoup de personnes nous ont dit se reconnaître dans les situations du film. On est très contents de l’accueil. C’est une vraie récompense surtout pour un premier film.

Que vous réserve l’année 2016 ?

Pierre Niney : Beaucoup de beaux projets. Je serai dans le prochain film de François Ozon, « Frantz » qui sortira avant l’automne 2016. Une histoire d’amour impossible, au sortir de la Première Guerre Mondiale, entre le personnage que j’incarne et celui joué par une actrice allemande remarquable, immense, Paula Beer. Je pressens qu’elle va devenir une grande star. Ce film c’est un renouveau pour Ozon car il est d’une beauté classique, épurée, sans la forme de cynisme à laquelle il nous avait habitués.

J’aimerais beaucoup revenir au théâtre, ça me manque. C’est là d’où je viens. J’ai quitté la Comédie Française car j’étais très heureux des cinq années passées au sein de cette grande maison, que j’aspirais à faire de nouvelles choses. Et puis, c’était trop compliqué de gérer les deux, la Comédie Française et les tournages au cinéma. Mais mon rêve, c’est d’être de nouveau sur scène.

Et la réalisation ?

Pierre Niney : J’y pense beaucoup, j’ai très envie de réaliser. J’ai déjà réalisé un court-métrage et créé une shortcom télévisée. J’écris... Mais je veux prendre mon temps, trouver le bon projet. Je ne suis pas pressé. J’ai vu Igor avoir les deux casquettes de réalisateur et d’acteur sur Five. J’ai compris combien c’est dur de tout concilier. Je pense que le jour où je réaliserai mon film, je ne jouerai pas dedans. Il y a un temps pour tout. 

En bonus, Pierre Niney nous raconte en vidéo une anecdote du tournage de Five :

Propos recueillis par Emilie Cuchet