Rencontre avec Guillaume Canet

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L’acteur très « Rock’n roll » a allumé le feu lors d'une soirée promotionnelle le 11 janvier au cinéma Pathé d'Orléans

Culture

Rencontre avec Guillaume Canet

A l’occasion de la sortie prochaine de son cinquième long-métrage, Guillaume Canet a créé l’événement à Orléans en ajoutant à sa tournée promotionnelle le Pathé Loire.

Quelles sont les réactions du public au cours de la tournée promotionnelle de votre film ?

Guillaume Canet : Nous avons beaucoup de chance car le public réagit très bien au film. Il est très bien accueilli. C’est un vrai bonheur d’entendre les gens rire pendant les projections. C’est pour ça qu’on fait ce métier, pour ce partage, cet échange. C’est rare d’avoir la chance de faire une tournée promotionnelle mais « Rock’n roll » est une comédie légère qui donc se prête très bien à cette exercice et au bain de foule.

Comment est né « Rock’n roll » ?

C’est parti d’une interview avec une journaliste, exactement comme la scène que l’on voit dans « Rock’n roll ». Elle ne m’a pas trouvé très rock et a souligné que je ne renvoyais pas une image très sexy, avec ma femme, mon fils, mes chevaux… Pour me justifier, je lui ai dit que je jouais de la guitare électrique … C’était ridicule (rires). Mais plutôt que de réagir par une déprime, je suis sorti de cette interview en me disant que j’allais écrire sur ce sujet, sur Guillaume Canet qui est acteur, pour qui ça marche pas trop mal mais qui un moment part en vrille parce qu’une journaliste et sa jeune partenaire lui disent qu’il n’est pas très rock’n roll. Pendant une année, j’avais arrêté le cinéma. L’accueil de mon dernier film « Blood Ties » avait été très mitigé. Je n’avais pas compris pourquoi, je ne voyais pas à l’époque ce que je pouvais faire de mieux. Comme je ne voulais pas devenir aigri, j’ai fait autre chose. Et petit à petit, ça m’a redonné l’envie. C’est aussi pour cela que je me suis lancé dans un projet aussi léger, décalé, dans l’humour.

Vous parlez de sujets sérieux mais sur le mode de l’autodérision.

Exactement. Je voulais parler depuis un moment de l’image que l’on renvoie, à soi-même et puis aux autres. La crise de la quarantaine, l’attrait pour le jeunisme sont des thèmes qui m’intéressaient, traités par le biais de l’autodérision. Tout comme le fantasme représenté par mon couple avec Marion Cotillard. Nous avons le sentiment, Marion et moi, d’avoir été pendant longtemps au centre des discussions. Je me suis dit : si vous voulez rentrer chez nous, on va vous montrer et vous dire ce qu’on a envie de vous dire. Ça nous amusait de nous amuser à l’écran.

Ce « mythe » de Marion et moi n’a jamais été ni fabriqué ni voulu. Les gens font ce qu’ils veulent, ils interprètent rapidement les choses. Il faut vivre avec. Quand la presse people annonce la grossesse de ma compagne alors que nos familles respectives ne sont même pas encore prévenues, il faut vivre avec ! Ça nous amusait donc de casser ce truc-là, ces idées reçues aussi comme le fait comme Marion vivrait à Los Angeles, etc…

Comment a démarré le Rock’n roll Challenge entre Marion et vous ?

C’est parti à Lille d’un délire. Marion dormait dans le train la bouche ouverte et j’ai posté la photo sur les réseaux sociaux. Elle a riposté et ça a pris de grosses proportions ! Même nos amis s’en mêlent, comme Gilles Lelouche et Maxim Nucci, et postent des photos dossier. Les gens en rient beaucoup, nous disent : « vous êtes comme nous en fait ! ». Tant mieux si ce film nous rend plus humain.

Comment ont réagi vos amis à la lecture du scénario, des Maxim Nucci, des Johnny Hallyday ?

Ils ont bien ri. Johnny a bien compris le délire, le côté docu fiction. L’idée majeure du film, c’est : arrêtez de croire tout ce qu’on vous raconte ! Au départ, on est dans le réalisme. Puis au fur et à mesure, la musique et l’image parlent un langage cinématographique plus léché. On raconte que tout ceci n’est qu’une fable. Mes potes qui jouent dans le film ont compris cette autodérision. Johnny s’en amuse de son image. Il poste régulièrement sur les réseaux sociaux, sur twitter, facebook... pour éviter d’être harcelé par les paparazzis. ll a compris que la communication se fait par nous-mêmes aussi. Aujourd’hui, je me rends compte de l’énorme importance donné aux followers, aux blogs, aux faiseurs d’influence. Le film parle de cela aussi.

En cours de route, le film s’éloigne du réalisme et glisse vers le délire. Pourquoi ce choix ?

Pendant que nous étions en phase d’écriture avec mes co-scénaristes, nous nous sommes rendu compte que vers le milieu de l’histoire, le côté rock commençait à s’épuiser un peu, qu’il y avait un autre pan à explorer. Le personnage de Guillaume Canet a été si loin, a vécu une telle désillusion à cause d’une parole de la comédienne Camille Raw. Une autre discussion avec elle l’entraîne sur un nouveau délire, une nouvelle pente vertigineuse qui permet de parler du culte du corps, du culte du sport, des stéréotypes dans lesquels on doit rentrer pour plaire. C’était jouissif d’aller au paroxysme du sujet, sans barrière.

Propos recueillis par Emilie Cuchet

Photos : Jérôme Grelet

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=244238.html