Rencontre avec Sean Hart

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L’artiste international de street-art Sean Hart est de passage à Orléans pour animer un atelier d’écriture avec des enfants à l’Aselqo Madeleine.

Culture

Rencontre avec Sean Hart

Il sera de retour dans la cité johannique, le 25 mars, à l’occasion de l’événement dédié au street-art, ROADS.

En amont de la manifestation ROADS, vous animez, à Orléans, un atelier d’écriture avec des enfants autour de votre art.

Oui c’est quelque chose qui me tient à cœur. Je développe des ateliers avec des enfants depuis un an. J’en ai animé un à Mexico notamment. Je travaille également avec des adultes. Mon objectif est de donner la parole à ceux à qui on ne la donne pas, à ceux qui ne la prennent pas. Mon œuvre tourne autour du langage. Il s’agit de peindre des textes que les gens pensent mais ne disent pas. Les enfants sont particulièrement réceptifs. Ils ont un imaginaire débridé, ne sont pas normés. Ils sont en pleine construction et proposent des textes très originaux. A Mexico, un petit garçon a écrit : la peur est un monstre. Cela m’a touché, cela parle d’illusions, de quelque chose que l’on peut combattre. L’important pour moi est de transmettre un savoir, de le partager.

Je suis un artiste qui utilise l’espace urbain comme toile. Je suis seul par définition, mais je me nourris de travail collectif pour m’enrichir, en m’associant notamment avec une compagnie de théâtre. On apprend toujours des autres. Aujourd’hui, en faisant cet atelier avec des petits orléanais, j’apprends aussi à connaître la  ville, à sentir son âme. Ce qui me sera utile pour la manifestation ROADS, qui se tiendra à Orléans le 25 mars, en centre-ville (sic Place de Gaulle toute la journée). 

Parlez-nous de votre art.

J’ai commencé par le graffiti, j’étais à l’époque beaucoup dans le mimétisme. Je signais de mon nom, un peu comme tout le monde. Puis, à 15 ans, j’ai eu envie d’écrire autre chose, de développer mon propre langage. J’ai commencé à faire des affiches, étudié aux Arts déco de Strasbourg. Mon travail actuel découle de ce que j’ai entrepris depuis 2010. Mes références tiennent plutôt à la mise en scène désormais. Je mets en scène des textes dans l’espace public. Je construis un décor dans lequel les passants sont des acteurs à part entière. L’esthétique que j’ai créée, je l’ai voulu la plus accessible possible pour pouvoir m’adresser au plus grand nombre. J’utilise une typographie simple qui est devenue ma signature et rappelle celle de la publicité dans le but de créer un détournement. Les mots, présents dans l’espace publics, sont lisibles par tous. Il n’y a pas de code. Je peins dans des langues étrangères, suivant les pays, afin de créer une interaction avec les habitants. Chaque artiste se définit par son geste, sa signature, moi c’est cette typographie énigmatique que j’ai appelée mydriasis. C’est ma signature.

Au fil du temps, une poésie a commencé à se dégager de ma démarche. Quand je peins dans ma série des stations de métro : « Ça va ? »« Es-tu ? As-tu été ? », « La sécurité est en danger »… C’est comme si je débutais une conversation, lançais un sujet. J’aime l’abstraction, le questionnement. Inconsciemment, on y répond, on est interpellé. Les mots construisent une image. C’est une série que j’ai commencée en 2014 et qui est toujours en cours. Beaucoup de gens pensent que plusieurs artistes sont derrière ces œuvres, pas une seule personne.

Vous avez également développé une série à partir de matelas abandonnés dans Paris.

La nuit, je déambulais car j’étais insomniaque. Je cherchais à créer dans les rues de Paris sans me faire arrêter. J’ai découvert des matelas abandonnés, objets intimes par excellence, marqués par les traces du temps. J’ai alors peint une série d’œuvres. Cela parle de la vie, de la mort, de l’amour, des cauchemars et des rêves. C’est une prise de paroles.

https://www.facebook.com/roadsorleans/

http://seanhart.org

ROADS le 25 mars, Place de Gaulle, toute la journée, met en avant le street art orléanais, avec des invités exceptionnels et des animations inédites.

recueilli par Emilie Cuchet