Avant-Première : Rémi sans famille

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Un roman culte porté à l’écran par un jeune réalisateur pour en faire un beau conte de Noël. Rencontre espiègle et attendrissante avec Antoine Blossier et son jeune acteur Maleaume Paquin, à l’occasion de l’avant-première de « Rémi sans famille », au Pathé Loire

Culture

Avant-Première : Rémi sans famille

Pourquoi avoir eu envie d’adapter Rémi sans famille au cinéma ?

Antoine Blossier (réalisateur) : Je ne connaissais que le dessin animé de mon enfance. Je n’avais jamais lu le livre d’Hector Malot. C’était par contre le livre de chevet de ma femme, depuis toujours. Quand je lui ai fait part de mon désir de faire un film avec des enfants, elle a souri et m’a conseillé de lire le roman. Elle me connait bien ! (rires). J’y ai vu matière à faire un conte de Noël, avec des thématiques fortes : l’espoir, la pureté de la jeunesse face aux obstacles de la vie. Le message du film est d’un optimisme chevronné. « Rémi sans famille » est universel.

Comment revisite-t-on une histoire connue et adaptée de nombreuses fois au cinéma, à la télévision et en manga, au fil des années ?

Antoine Blossier : Justement en ne l’adaptant pas par rapport à ce qu’en attendent les gens, que ce soit les amoureux du roman, du manga ou du dessin animé culte qui en a découlé. Je suis resté fidèle à mes sensations. J’ai des souvenirs très forts qui remontent à mon enfance du visionnage en famille, au moment des Fêtes, de « Manon des Sources » et de « Jean de Florette ». Ou des grands classiques de Disney aussi que nous allions voir au cinéma, à l’image de « Pinocchio ». Je me souviens que je pouvais regarder des drames mais en étant dans le confort, car proche des miens. J’ai encore les sensations. C’est un peu ma Madeleine de Proust. C’est cela que je voulais retrouver avec « Rémi sans famille ». Le film parle de transmission. Je l’ai réalisé de manière très intuitive, en pensant à mon fils, âgé de deux ans et demi au moment où j’écrivais le scénario. Cela m’a traversé pendant l’écriture.

Vous avez vu les autres films adaptés du roman ?

Antoine Blossier : J’ai vu les huit films et ils m’ont inspiré par la liberté qu’ils ont prise par rapport au livre. Ils ont conservé l’âme du roman tout en se permettant des changements. La deuxième partie du film avec Pierre Richard n’a absolument rien à voir avec le bouquin par exemple. L’histoire est suffisamment universelle et porteuse d’espoir pour être adaptée intuitivement. Après, il y a certaines scènes qui à mon sens sont fondamentales et qu’on devait retrouver dans le film comme l’épisode de l’attaque des loups. Impossible de passer à côté.

Comment avez-vous choisi vos acteurs et notamment Maleaume Paquin qui tient le rôle de Rémi ?

Antoine Blossier : J’avais une idée assez vague de l’enfant que je cherchais. Il devait avoir une certaine fraîcheur, de la malice dans le regard. On m’avait mis en garde : tu verras, tu devras voir 1000 gamins avant de trouver le bon… Or, Maleaume était le 16e… J’ai été séduit tout de suite. A tel point que cela m’a mis le doute, j’en ai vu quatre-cent autres après lui. En parallèle, je faisais revenir Maleaume pour jouer des scènes de plus en plus difficiles pour voir s’il le vivait bien, s’il était heureux de jouer. Plus je lui en demandais, plus il y allait. Je lui ai fait jouer une crise de larmes. Il a pleuré tellement fort que j’ai eu presque peur et tout à coup, il m’a regardé avec un grand sourire et m’a dit en levant le pouce : tranquille ! Voilà… Maleaume porte le film sur son épaule et il a à peine treize ans.

Maleaume, visiblement tu as pris beaucoup de plaisir à incarner Rémi ?

Maleaume Paquin (Rémi) : Oui cela a été une expérience incroyable. Les scènes dans lesquelles je pleure sont difficiles à faire mais quand tu es dedans, c’est magnifique. Tu ne te contrôles plus. C’est magnifique le cinéma. Mon personnage a des hauts et des bas et j’ai pu vivre plein d’émotions. Au début, j’étais un peu impressionné de jouer avec des grands acteurs. Moi je ne suis qu’un petit enfant ! Et ensuite, je me suis très bien entendu avec tout le monde. Ludivine Sagnier qui joue ma mère est vraiment comme une seconde maman. Elle n’a pas arrêté de me couver. J’ai adoré jouer avec des animaux. Ils me faisaient beaucoup rire. Tito le petit singe, alias Joli Cœur, détestait son chapeau et faisait exprès de l’enlever quand Antoine criait « Action ! ». C’était à mourir de rire.

Et Daniel Auteuil, dans le rôle de Vitalis, une évidence ?

Antoine Blossier : Oui, très vite dans l’écriture. Daniel Auteuil peut être fantasque et en même temps, il a un côté sombre, une sorte de mélancolie dans tout ce qu’il fait. Cette double lecture m’intéressait pour le personnage de Vitalis qui demande une palette très large, notamment de la bienveillance envers un enfant. C’est un acteur populaire mais qui sait aussi faire des choix audacieux. Je me suis figé assez rapidement sur Daniel Auteuil. Il m’a répondu par l’affirmative, en 24 heures. Heureusement… Je ne sais pas comment j’aurais fait autrement.

C’est un film que vous avez entièrement tourné en France.

Antoine Blossier : J’y tenais énormément. Ce film, je l’ai voulu patrimonial. Avec à l’écran des décors, des villages, des paysages français. La volonté était aussi de faire travailler des techniciens français, d’utiliser un savoir-faire à la française. Le tout en essayant de filmer les scènes avec une grammaire plus américaine pour les sublimer. J’ai été nourri par des films comme « ET » ou « Edward aux mains d’argent » qui m’ont beaucoup fait rêver en tant que spectateur. De véritables chocs cinématographiques. Rémi, je l’ai imaginé dans une thématique spielbergienne : c’est un enfant perdu dans un monde plein d’obstacles mais qui décide de boire le verre à moitié plein. Il est un peu comme Elliott dans « ET ». Et la scène des loups s’inspire de la fin du film de Tim Burton. L’idée, c’est de faire accepter le drame au spectateur qui pour autant sort du film le cœur léger.

Propos recueillis par Emilie Cuchet

Sortie Nationale le 12 décembre 2018

Comédie dramatique d’Antoine Blossier

Avec Daniel Auteuil, Virginie Ledoyen, Ludivine Sagnier, Jonathan Zaccaï, Jacques Perrin…

Résumé

Les aventures du jeune Rémi, orphelin recueilli par la douce Madame Barberin. A l’âge de 10 ans, il est arraché à sa mère adoptive et confié au Signor Vitalis, un mystérieux musicien ambulant. A ses côtés, il va apprendre la rude vie de saltimbanque et à chanter pour gagner son pain. Accompagné du fidèle chien Capi et du petit singe Joli-Cœur, son long voyage à travers la France, fait de rencontres, d’amitiés et d’entraide, le mène au secret de ses origines…