Avant-première du film « Premières vacances »

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A l’occasion de l’avant-première du film « Premières vacances », au Cinéma Pathé Place de Loire, vendredi 23 novembre, nous avons rencontré Patrick Cassir, réalisateur d’une comédie savoureuse avec Camille Chamoux et Jonathan Cohen.

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Avant-première du film « Premières vacances »

Comment est né ce premier film mettant en scène deux trentenaires qui se rencontrent via Tinder et décident de partir en vacances alors qu’ils se connaissent à peine ?

Patrick Cassir (réalisateur) : Tout est parti de la réalité. Je partage ma vie depuis des années avec Camille Chamoux. Un jour, nous sommes partis en vacances, invités par la famille à séjourner dans un hôtel de luxe. Là, nous n’avons pas arrêté de nous disputer. Moi je suis obnubilé par le confort, elle est plutôt roots et pour l’improvisation. Cela nous a inspiré et on a fini par se dire que ce serait un scénario de film formidable. Camille et moi avons imaginé une comédie romantique avec un couple aux antipodes qui part en vacances ensemble et n’a pas du tout la même conception du voyage. Certains épisodes vécus ont même été injectés dans l’histoire. Par exemple, je sortais du spa et j’ai trouvé Camille en train de se disputer avec une femme pour une histoire de transat et Camille a jeté son sac à la mer tellement la touriste était odieuse.

A la différence que dans le scénario, le couple se connaît à peine.

Patrick Cassir : On avait envie de parler de Tinder qui est un phénomène de société. J’aime quand les comédies sont reliées à la réalité, au quotidien. Aujourd’hui, une personne sur trois se rencontre par le biais de sites ou d’applications de rencontre. Il y a même des bébés Tinder. Ces gens n’auraient pas eu l’occasion de se rencontrer autrement, évoluant dans leurs propres cercles d’amis ou professionnels. J’avais envie de parler de cela.

Camille Chamoux est votre muse ?

Patrick Cassir : Oui, elle m’inspire beaucoup. Surtout depuis le film « Les Gazelles ». Sa palette de jeu s’est étendue, elle est étonnante. J’avais envie de la voir dans le registre de la comédie sensible. Et de l’associer à Jonathan Cohen, mon choix numéro 1 pour le rôle de Ben. Pour moi, c’est un acteur rare en France. Dans le phrasé, sa façon d’improviser. J’ai voulu réaliser une comédie d’identification. Faire en sorte que le spectateur se dise que tout est réel, que les personnages évoluent dans un temps réel. On a énormément travaillé en amont tous les trois pour que sur le plateau, les dialogues coulent tout seul et que Camille et Jonathan soit dans un parler vrai, un phrasé paraissant très improvisé et naturel.  

On sent une liberté de ton dans le film et que les acteurs prennent beaucoup de plaisir.

Patrick Cassir : Il y a eu des moments assez fous. Au bout de plusieurs semaines de tournage, Camille et Jonathan ont développé des habitudes de jeu et se sentaient très à l’aise. Dans une scène d’amour que j’imaginais très romantique, Jonathan s’est tout à coup mis à manger du chorizo. Et Camille l’a suivi ! C’est magique. On s’est beaucoup amusé.

Et on s’est entouré de comédiens avec qui Camille et moi nous sentons bien, une sorte de famille du cinéma. Camille Cottin joue la meilleure amie de l’héroïne. Dans la vie, c’est la marraine de notre fille. Elle travaille et joue beaucoup avec Camille. Elles ont le même Adn de jeu, la même envie.

C’est votre premier film. Quelle expérience avez-vous vécu sur le tournage ?

Patrick Cassir : J’ai ressenti beaucoup de bienveillance. Quand tu es auteur d’un film et que tu portes la réalisation, il n’y a que toi qui sais ce qui est bon pour ton film. Il faut juste avoir foi en soi, en l’histoire. Je savais que tout reposait sur le couple. Si le couple ne marchait pas, tout s’écroulerait comme un château de cartes quoi que je fasse. C’était mon défi numéro 1. Et raconter une histoire qui embarque les spectateurs, à laquelle ils croient.

Votre choix pour planter le décor du film s’est porté sur la Bulgarie.

Patrick Cassir : C’est un pays parfait pour un road-trip. Il y a des endroits à la fois beaux et durs, une image un peu ocre, des lieux un peu désuets en parfaite adéquation avec l’histoire. On y trouve de la montagne, des paysages rugueux et également des hôtels de luxe. J’ai fait beaucoup de repérages, cherché des lieux cinégéniques et des spots de voyage. L’authenticité était primordiale. On a vraiment tourné dans un Airbnb et fait des castings sauvages pour trouver des comédiens bulgares. 

Vous faites actuellement la promotion du film aux quatre coins de la France. Quels sont les premiers retours ?

Patrick Cassir : C’est assez magique ce qui se passe. Les gens disent des choses très belles sur le film. Il y a des rencontres, des moments forts. A Rennes, une femme m’a dit que la scène qui l’avait le plus touché était celle où le couple se dispute sur la plage. Ça faisait vrai, elle s’y est reconnue ! Je déteste les films où quand les personnages se disputent, ils restent très polis et policés. Moi quand dans la vie je m’engueule avec Camille, je sors des trucs dont j’ai honte après, je peux dire des mots horribles. C’est le réel, c’est humain. Alors voilà, arriver à travers cette histoire d’amour à toucher le cœur des gens, c’est ce qui compte le plus pour moi.

Comment voyez-vous la suite ?

Patrick Cassir : Je veux continuer à tourner avec Camille et Jonathan. C’est le couple de cinéma parfait. Ils ont trouvé un ton super, grandi ensemble. J’ai envie de les voir encore évoluer, explorer des sujets même plus graves. J’aime cette idée de faire des films avec une même bande, autour de Camille Chamoux, Camille Cottin et Jonathan Cohen. Si le public nous suit, on ira.

Propos recueillis par Emilie Cuchet.