Avant-Première : Edmond

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Un homme passionné, habité, à l’origine d’une aventure théâtrale grandiose, devenue aujourd’hui un grand film de cinéma. Rencontre avec Alexis Michalik, réalisateur d’Edmond et magicien redonnant vie à Cyrano de Bergerac.

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Avant-Première : Edmond

A la base, vous vouliez faire de votre scénario d’Edmond un film, or c’est une pièce que vous avez d’abord créée…

Alexis Michalik : Exact. Cette histoire, cela fait 15 ans que je l’ai dans la tête. Tout a commencé quand j’ai vu Shakespeare in love, il y a 20 ans, qui a remporté plusieurs oscars. Je me suis dit que ce genre de long-métrage n’avait jamais été fait avec un auteur français. En me replongeant dans Cyrano de Bergerac, qui est une de mes pièces préférées, j’ai découvert l’histoire incroyable de la première en 1897. Et combien personne ne croyait en ce jeune auteur Edmond de Rostand qui n’avait rien réussi à écrire depuis des années. Je me suis dit qu’il y avait un film à faire, autour des débuts de Cyrano de Bergerac. J’ai mûri le projet pendant 5 ou 6 ans, écrit le scénario et fini par le proposer à différents producteurs. Et là, échec total. Personne n’en voulait. Impossible de trouver un réalisateur ou des financements…

Un jour, je suis allé à Londres et j’ai vu la pièce de théâtre adaptée de Shakespeare in love. Ce fut la révélation. En 2016, j’ai décidé de créer Edmond au théâtre, d’en faire une pièce chorale avec 12 comédiens et aucune tête d’affiche, au Palais-Royal. Cela a été un succès immédiat. On a prolongé, passé la barre de la 500e et la troupe tourne encore aujourd’hui. Les financiers sont revenus. Et j’ai enfin pu boucler la boucle, faire le film dont j’avais rêvé depuis le départ.

Comment avez-vous choisi les comédiens ?

Alexis Michalik : J’ai fait en sorte de mêler jeune garde et anciens aguerris. Je connaissais Thomas Solivérès. Je savais qu’il avait la maturité pour porter un tel rôle-titre. Et il a convaincu tout le monde dès qu’il a arboré la fausse moustache. Lucie Boujenah l’a emporté au casting sur 40 autres jeunes comédiennes. Elle sortait du lot. Pareil pour Tom Leeb. Ensuite, il y a ceux que j’appelle l’arrière-garde : Olivier Gourmet, Mathilde Seigner ou encore Clémentine Célarié qui ont eu la gentillesse d’accepter de jouer dans mon film.

Sur le tournage, tous les jours, il fallait diriger 10 acteurs et 200 figurants derrière. Il y avait toujours du monde sur le plateau. J’aime ce côté chef de troupe. On a tourné deux mois en République Tchèque. Dormir dans le même hôtel, manger ensemble, jouer, etc… cela a créé des liens forts dans l’équipe. Chacun s’est mis au service de l’histoire.

Votre film est une déclaration d’amour au théâtre.

Alexis Michalik : J’ai un amour profond pour le théâtre. J’ai grandi à Paris et baigné dans une culture théâtrale. Je me souviens que plus jeune, certains spectacles pouvaient rebuter mes camarades. Quand je fais une pièce, le but est de m’adresser au public le plus large possible pour lui communiquer combien le théâtre est un art fédérateur. Avant la télévision et internet, c’était un lieu de vie dans lequel les gens se retrouvaient. Cyrano était une véritable super-production à l’époque. Il y avait des sagas à la manière des séries d’aujourd’hui, imaginées par Hugo, Dumas…

Mais il s’avère que le théâtre s’adresse surtout à ceux qui vont au théâtre. Faire ce film c’était aussi avoir la possibilité de toucher encore plus de monde, les très jeunes comme les moins jeunes. De transmettre au cinéma ce que moi j’ai ressenti en découvrant Cyrano.

Le succès de la pièce qui a été récompensée par 5 Molières et le prix Beaumarchais du meilleur auteur, vous a-t-il mis la pression au moment d’en faire un film ?

Alexis Michalik : Il y avait une pression car c’était un gros film, pas par rapport au succès de la pièce. Au contraire, elle m’a aidé à savoir ce qui marche ou ce qui ne marche pas dans le script. C’est génial d’avoir ce luxe. Et d’avoir pu tester avant en live tous les dialogues et le rythme.

Dès le début du film, on est frappés par la beauté des images.

Alexis Michalik : J’avais envie d’un traitement de l’image un peu fantasmé, à la Amélie Poulain. On le voit au début du film avec les effets spéciaux et la manière de présenter le Paris du début du 20e siècle. Ce côté merveilleux parle beaucoup aux jeunes. On a eu beaucoup de retours de lycéens à ce propos. Le film a été récompensé au festival de Sarlat du prix du public et du prix du jury jeune. Le pari est gagné. Mon ambition était de faire un film populaire qu’on puisse voir en famille et qui ne s’adresse pas qu’à ceux qui ont lu Cyrano.

Je n’ai pas de snobisme. Je revendique le fait d’avoir une culture théâtrale et d’avoir grandi avec les films de Spielberg et Zemeckis. Le but avec Edmond était de mixer le rythme et l’humour, tout en faisant une déclaration d’amour au théâtre,  à la langue. Si en sortant du film, le spectateur a envie d’en savoir plus, de taper Edmond Rostand sur google, de prendre des cours de théâtre… J’aurai tout gagné. L’art élève. 

propos recueillis par Emilie Cuchet

«EDMOND»

Comédie de Alexis Michalik

Avec Thomas Solivéres, Olivier Gourmet, Tom Leeb, Lucie Boujenah, Mathilde Seigner…

Décembre 1897, Paris. Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Il n’a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit. Pour l’instant, il n’a que le titre : « Cyrano de Bergerac ».

Bande annonce 

Sortie Nationale le 09 janvier 2019