Avant-première Tanguy, le retour

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Visite prestigieuse, le mardi 26 février au cinéma Pathé Loire. Etienne Chatiliez et André Dussolier sont venus offrir au public orléanais la primeur de « Tanguy, le retour ». 16 ans après, le dialogue est beau…

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Avant-première Tanguy, le retour

Comment est revenue l'histoire de Tanguy ?

Etienne Chatiliez (réalisateur) : Ce sont mes deux producteurs qui m'ont téléphoné pour me faire part de leur envie de retrouver Tanguy à l'écran. André Dussolier était dans la boucle dès le départ. Avec mon co-scénariste du premier film, Laurent Chouchan, nous avons écrit un synopsis et tout le monde a été emballé. Les comédiens étaient au courant par essence et immédiatement chauds pour qu'on se lance dans le projet. Alors, nous avons tous embarqué sur le même bateau !

André Dussolier (comédien) : C'était un beau défi à relever. Et un vrai plaisir de retrouver le personnage et toute l'équipe. Le film se renouvelle dans la comédie de façon très naturelle. Quand Tanguy sonne à la porte de ses parents parce que sa femme l'a quitté, ils ne peuvent pas le rejeter. C'est une histoire sans fin.

Etienne Chatiliez : Au début, le couple formé par Sabine Azéma et André Dussolier ne se doute de rien. Ils sont comme anesthésiés par la douleur de leur fils et veulent l'entourer dans un cocon. La comédie n'est pas gratuite. Il se passe du temps avant qu'ils ne redeviennent les parents horribles qu'on a connus dans le premier film.

André Dussolier : C'est à l'image de la vie. On ne voit pas la tragédie arriver. Seuls les copains au départ voient ce qui se passe et dénoncent tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

Avez-vous fait le film en pensant à la génération boomerang ?

Etienne Chatiliez : Non je n'y ai pas du tout pensé. C'est comme pour le premier où il y a eu une certaine confusion quand tout le monde a parlé de la génération Tanguy. Les jeunes de 20 à 30 ans qui restaient chez leurs parents, c'était en raison de problèmes économiques. Tanguy lui reste pour une toute autre raison car il a de l'argent. Il a une pathologie qui est la sienne.

Ce qui fait la force du film surtout, c'est son universalité. Une minute par jour, tout parent a envie de tuer son enfant ! (Rires) Et partir du moment où le dit enfant a une vie sexuelle et qu'il y a communauté de vie, cela devient difficile.

Il y a 18 ans, l'histoire de Tanguy vous a été inspirée par un fait divers ?

Etienne Chatiliez : Oui en Espagne, un fils totalement despote de 32 ans squattait chez sa mère. Du jour au lendemain, elle a fait changer les clés de la serrure. Il lui a intenté un procès et il a gagné !

André, on sent que vous prenez un plaisir jubilatoire à interpréter ce rôle. Il était important d'être dans le lâcher prise ?

André Dussolier : Le plaisir de jouer dans une comédie insolente est immense. Cela va très loin car il faut comprendre que les parents n'en peuvent plus. Ils hébergent Tanguy mais aussi leur petite-fille et au fil du temps, cela devient insupportable et impossible de les faire déguerpir. Petit à petit, le mal est là ! Tanguy c'est dans son ADN d'envahir ses parents. Et nous forcément, on est démunis, on craque. C'est à ce moment que cela devient réjouissant. On ose dire des choses, comme mon personnage qui insulte sa petite-fille à un moment, alors que normalement on ne touche pas aux enfants.

Etienne Chatiliez : J'ai eu la joie et l'honneur de rencontrer André il y a 18 ans. J'ai tout de suite vu dans son œil quelque chose qu'il avait envie d'être et qu'on ne lui avait jamais proposé ! Il avait déjà tout compris à l'histoire. Son interprétation rajoute au bonheur de la phrase dont vous parlez. Sous ses dehors de garçon érudit et bien élevé, André peut être une vraie saloperie ! (Rires)

André Dussolier : C'est un bonheur pour un acteur de faire exploser le couvercle !

Etienne Chatiliez : Ce qui a de formidable avec le trio formé par André, Sabine Azéma et Eric Berger, c'est combien il m'épate moi en tant que metteur en scène. Au moins dix fois par jour, je me disais pendant le tournage mais qu'est-ce qu'ils sont forts.

André Dussolier : Oui l'alchimie fonctionne bien entre nous. Sabine je la connais très bien, depuis longtemps. Quand j'ai rencontré Eric, j'ai été frappé par sa candeur qui ressemble tellement à Tanguy. On aime la comédie avec beaucoup de vérité et appuyer avec humour sur la réalité. On a la même conception du rire, la même envie. On voulait donner le meilleur sur le plateau, être à fond dans le rythme de la comédie.

Etienne Chatiliez : Les rôles bénéficient de l'entente des comédiens. Ils ont la comédie dans les jambes. C'est comme skier.

André Dussolier : Oui c'est le bon terme, avoir la comédie dans les jambes, dans le jarret. Il y a un ressort dans la comédie mais il faut que ce soit naturel, vécu et pas plaqué. L'humour se joue dans les mots, les répliques mais aussi les silences et les regards.

Tout était écrit, il n'y a pas eu de part d'improvisation ?

Etienne Chatiliez : Oui tout est écrit. Mais la comédie c'est une question de timing donc l'écriture ne suffit pas. Il faut l'incarnation, la compréhension des comédiens. Un metteur en scène choisit les comédiens mais ce sont surtout les comédiens qui choisissent le metteur en scène. Comme dans la vie. C'est une famille.

André Dussolier : J'ai ressenti la qualité des répliques à la lecture et pendant le tournage. Mais encore bien plus à la première projection. Tout est bien pesé, cela devient un régal. On sent que les auteurs ont pesé chaque mot, chaque gramme.

Etienne Chatiliez : Hier, nous avons assisté avec André à la première projection publique du film et cela a été un bonheur de voir les réactions des gens. Tout fonctionnait ! On n'arrêtait pas de se donner des coups sur les bras tellement on était contents tous les deux. On est ressortis avec des bleus ! C'est un bonheur inouï, une récompense formidable.

Le ton du film est parfois très grinçant. Vous n'avez pas hésité à pousser le bouchon très très loin.

Etienne Chatiliez : Eric Berger qui joue Tanguy dit que c'est un film d'horreur ! Les parents vivent une horreur c'est certain. C'est très jouissif de montrer une pensée négative dans le film, d'aller aussi loin. Moi j'essaie de raconter des choses graves sur un mode léger.

Avez-vous ressenti une certaine pression par rapport au premier opus qui a fait plus de 4 millions d'entrées ?

Etienne Chatiliez : Il y a une attente forte du public sur une suite qui n'est pas une suite commerciale et se passe 16 ans après. On ne veut pas décevoir forcément et on a travaillé comme des acharnés pour cela. La vérité est dans la salle de cinéma. On ne peut pas mentir au public. Avec " Tanguy, le retour ", on repart à zéro. Ce n'est pas parce qu'on a mis la flèche dans le cœur de la cible la première fois que l'on va refaire la même chose. Il faut repartir au charbon.

Cela a été un rôle marquant dans votre carrière ?

André Dussolier : Bien sûr. C'est un film qui a marqué une génération. C'est beau quand le cinéma devient un miroir, est révélateur de la société dans laquelle on vit. Interpréter un personnage comme cela qui ose dire les choses est salvateur. Ce côté transgressif est quelque chose qu'on m'a peut proposer et forcément j'ai bénéficié de ce moment pour toute une vie d'acteur. Après, tout est un éternel recommencement. C'est un défi d'autant plus grand de revenir avec ce nouveau film.

Etienne Chatiliez : Pour éviter un deuxième épisode inutile, il fallait un engagement total de tout le monde sur le film car beaucoup se sont cassés sur les dents sur des suites. J'ai eu le sentiment d'être beaucoup plus à poil que d'habitude mentalement.

André Dussolier : La comédie ne permet pas l'à peu près. Le tournage a été d'une immense intensité. On était très sérieux à la tâche. C'était un enjeu quotidien de chaque seconde. C'est pour cela que les premières projections avec le public nous font tellement de bien. Il y a une vraie émotion, une vérité. On voit les réactions du public.

Etienne Chatiliez : André l'a dit, tout fait mouche. J'en suis tellement ému. On se sent un peu comme deux gosses au pied du sapin de Noël.

 

" TANGUY, LE RETOUR "

Comédie (1h27) de Étienne Chatiliez

Avec André Dussolier, Sabine Azéma, Éric Berger ...

Résumé

16 ans plus tard, Tanguy, qui a maintenant 44 ans, revient chez ses parents avec sa fille Zhu sous le bras car Meï Lin l'a quitté. Catastrophés de voir leur "tout-petit" dans cet état, Paul et Édith font tout pour lui redonner goût à la vie, sans réaliser que ce faisant, ils tressent la corde pour se pendre. Car Tanguy recommence à se sentir bien chez ses parents...

Sortie Nationale le 10 avril 2019