Visite de l’exposition « Pas tout à fait perdus »

Publiée le

Une collégiale, dépouillée de toute cloison, comme revenue à son état naturel. Des sculptures mystérieuses et envoûtantes se questionnant et dialoguant entre elles. La nouvelle exposition de l’église millénaire - dont le commissariat est assuré par Sébastien Pons, directeur artistique du Pays où le ciel est toujours bleu - a tout pour surprendre.

Culture

Visite de l’exposition « Pas tout à fait perdus »

La collégiale comme on l’a rarement vue. Nue, sans cloison, dans une respiration totale. Des figures de grande taille, humaines, humanoïdes, chimériques ou hybrides s’ébattant librement dans l’espace plus homogène, avec cette pierre qui prédomine et miroite dans la lumière. Pour cette nouvelle exposition dans l’église millénaire, la Mairie d’Orléans a donné carte blanche à Sébastien Pons - l’un des directeurs artistiques du Pays où le ciel est toujours bleu avec Laurent Mazuy et Olivier Soulerin - qui a ainsi imaginé « Pas tout à fait perdus », jeu de piste rassemblant trois artistes polymorphes, Anne Rochette, Michel Gouéry et Laurent Dufour, autour de la figure debout. Ce que ces sculptures de grande taille ont en commun : être en céramique. Une gageure et une ambition technique que de dresser un matériau mou, d’élever la matière pour tendre vers un face à face. De quoi créer un parcours autour de la céramique, des œuvres à grande échelle, avec l’exposition Johan Creten visible au musée des beaux-arts et sur l’espace public.

« Cette exposition, je l’ai fantasmée, je l’ai rêvée », sourit Sébastien Pons. Lui qui a imaginé un lieu comme une salle des pas perdus, un espace dédié à la rencontre, est servi avec cette collégiale totalement dénudée de cloisons, écrin parfait pour cette rencontre hors-normes, insolite. « C’est très émouvant de voir ces pièces réunies. Les œuvres existent quand elles sont vues, regardées. »

Les trois artistes, aux techniques et modes d’expression différents, ont en commun de travailler le médium de la céramique et de réaliser des grandes pièces. L’exposition offre ainsi une déambulation où chacun de ses pas mène le visiteur à un nouveau point de vue, le rendant acteur et non plus simple spectateur.  Cette idée de rencontrer des gens différents, d’aller vers l’autre, de se raconter des histoires, Sébastien Pons en avait besoin : « C’est comme cela que je vis l’art, comme une bulle de respiration, une bouée de sauvetage, un grand élan de vie ! » Dans ce fascinant face à face, le visiteur peut tourner autour des œuvres, les jauger, « se faire son propre film », les pièces elles-mêmes dialoguant entre elles et avec la pierre de la collégiale. Le mystère a son charme. Dans les travées, les sculptures d’Anne Rochette, Michel Gouéry et Laurent Dufour s’entremêlent.

Dans le cœur, s’élancent vers les cieux Les silencieuses, étonnantes pièces d’Anne Rochette. « J’aime sa variété d’écriture, son rapport d’apparition et de disparition, ses surfaces denses que l’on a envie de toucher », souligne Sébastien. Plus loin, voici L’attentive qui, avec ses yeux faisant tout le tour de sa tête, semble veiller sur les autres tel un phare, un observatoire. Et non loin de l’entrée Celle qui se fait belle, apparition tout en froufrous roses qui se prépare à aller au bal.

Chez Laurent Dufour, les êtres sont hybrides, à la fois humains et animaux, récits intérieurs et extérieurs inextricablement mêlés. Tout est finesse, poésie, mythologie. Les sculptures se prénomment le Lion ailé, le Renard masqué…

Michel Gouéry lui semble écrire un roman avec chaque sculpture. « C’est un festival baroque de récits, de gestes, de matières, avec des personnages réjouissants, des images cachés, un jeu de transparence, de la dentelle de faïence ». A l’image de l’œuvre retenue pour l’affiche, kaléidoscope de visages avec un costume d’Arlequin. Un univers singulier - où science et science-fiction font bon ménage - à décoder !

Emilie Cuchet - photo : J Grelet

Sébastien Pons est artiste. Il est l'un des directeurs artistiques du collectif d'artistes Le Pays où le ciel est toujours bleu, basé à Orléans. Il est également enseignant au sein de l'École Supérieure d'Art et de Design d'Orléans.

Informations pratiques :

  • Collégiale Saint-Pierre-le-Puellier : ouverture du mardi au dimanche de 14h à 18h.
  • Ouverture exceptionnelle le jeudi férié 9 mai de 14h à 18h.
  • Renseignements du mardi au samedi au 02 38 79 24 85.