Cinéma : on a failli être amies…

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Lundi 19 mai cinéma Pathé Loire : visite de la réalisatrice Anne Le Ny et de la comédienne Karin Viard, venues présenter en avant-première le film « On a failli être amies… », tourné en grande partie à Orléans.

Culture

Cinéma : on a failli être amies…

Comment est née l’idée du film ?

Anne Le Ny : C’est venu lors du montage de mon précédent film. En discutant avec la monteuse, j’ai appris qu’elle avait été formatrice auparavant, et qu’à force de voir les gens aller mieux après avoir changé de métier, elle se l’était appliqué à elle-même. Cela a fait sens pour moi. Et dans l’écriture, je suis partie sur le rapport au travail, le fait de changer de vie. Ça me plaisait d’avoir un rapport féminin qui ne soit ni une franche rivalité, ni une amitié. J’ai écrit le film en pensant à Karin Viard et Emmanuelle Devos (sic les deux rôles féminins principaux du film), ce qui était une première pour moi, d’écrire en pensant directement à deux actrices. J’avais vraiment envie de retravailler avec elles deux.

Karin Viard : J’ai accepté le rôle avant même d’avoir lu le scénario. J’avais bloqué mes dates. Il y a des choses dans ce métier qui se font par principe, au feeling. En plus, j’apprécie beaucoup Emmanuelle avec qui j’étais déjà copine. Je savais que ce serait de bonne facture, une écriture belle et claire. Et cela a été le cas ! Après quelques séances de répétitions, le cheminement s’est construit naturellement.

la réalisatrice Anne Le Ny et la comédienne Karin Viard

Les personnages sont des anti-héros. C’est ce qui vous intéresse dans le cinéma ?

Anne Le Ny : Oui. Le film traite aussi de manipulation, on peut tous être manipulateurs à un moment de sa vie. Je n’aime ni les saints ni les héros au cinéma. Juste les personnes ordinaires, de la vie de tous les jours. Le personnage de Karin, formatrice à l’Afpa, a une vraie déontologie, s’engage dans des choix de vie. Après, elle a des imperfections, comme le personnage incarné par Emmanuelle. Elles ne sont ni meilleures, ni moins bien que moi. C’est cela qui m’anime. Pour moi, la vie des gens normaux est très riche.

Karin Viard : Ce qui est intéressant, avec mon personnage, c’est que de la rencontre avec Emmanuelle Devos naît une explosion de sentiments et de sensations qui vont la remettre sur un autre chemin. C’est quelqu’un qu’on pourrait croiser n’importe où, disant qu’on peut recommencer sa vie à quarante ans mais qui ne se l’applique pas à elle-même. Et l’intensité des personnages doit beaucoup à la direction d’Anne Le Ny. Elle demande un niveau de jeu, une l’évidence, une disponibilité totale de ses acteurs. C’est très subtil, c’est comme être sur le fil du rasoir en permanence, toujours sur le qui-vive. C’est difficile mais j’aime assez. Il ne faut pas arriver en ayant une idée préconçue de comment tu vas jouer telle ou telle scène. Cela ne se passe pas comme ça avec Anne.

Pourquoi avoir choisi de tourner à Orléans ?

Anne Le Ny : Le tournage de mon film précédent, « Cornouaille » s’est déroulé en région, en Bretagne. Une très belle expérience. Je n’avais pas envie de tourner le suivant à Paris. Je cherchais une ville de style classique, avec une douceur de vivre, une ville où les gens se connaissent, avec des rapports de classe prégnants. J’ai pensé rapidement à une cité de bord de Loire et au moment des repérages, Orléans m’a semblé un choix évident. J’ai sélectionné les endroits les plus cinématographiques, passant le mieux à l’écran. L’architecture et les perspectives sont intéressantes ici, la Loire est magnifique.

Karin Viard : j’ai beaucoup aimé tourner à Orléans. J’y avais déjà tourné un autre film deux ans avant (Parlez-moi de vous) et donc je connaissais un petit peu. C’est un endroit plaisant et doux, avec un charme particulier. Je pense notamment aux petites rues piétonnes et aux bords de Loire. Ca fait du bien de quitter un temps le stress et la pollution de Paris pour être dans une ambiance détendue. J’avais mes petites habitudes pendant le tournage. Je mangeais tous les jours dans un petit resto japonais super sympa. L’hôtel était chouette. Que des bons souvenirs ! J’ai visité quelques endroits. Je viens de Rouen où il y a une cathédrale extraordinaire. Celle d’Orléans est très belle mais ce sont surtout ses vitraux qui sont exceptionnels.

la réalisatrice Anne Le Ny

Karin, vous êtes à l’affiche de cinq films en un an. Quel rythme !

Karin Viard : En fait, ce sont les hasards du calendrier, je n’ai pas la frénésie de faire des films (rires). Je n’ai pas tourné pendant un an puis certains projets ont été décalés, repoussés. Du coup, la sortie de ces films s’enchaîne et les gens s’imaginent que je ne fais que ça ! Or, c’est épuisant d’enchaîner cinq tournages. Ce n’est pas sympa pour les réalisateurs. Pour les deux derniers films, j’avais moins d’énergie, je ne souhaite plus revivre cela. Mon dernier tournage s’est fini en novembre, le prochain débutera en juin. Ca ce sont des rythmes plus normaux pour moi.

On voit votre personnage Marithé déguster un succulent repas dans le film et se régaler. Quel souvenir gardez-vous du tournage de cette scène ?

Karin Viard : Contrairement à ce que le spectateur s’imagine, c’est un cauchemar de tourner ce type de scène (sourire). Il faut manger vingt trucs pour arriver à faire quelques secondes de rush. Anne a eu la gentillesse de mettre des aliments light pour ne pas que je prenne 18 kg. Il peut arriver de manger pendant trois heures d’affilée pour filmer un repas. Et c’est pareil quand on fume à l’écran. Un comédien doit parfois fumer deux paquets pour que la scène soit enfin dans la boîte. Et le public ne le voit pas à l’écran bien sûr. C’est la magie du cinéma !

VIARD

A l’occasion de cette projection avant-première à Orléans, vous venez à la rencontre du public. C’est un moment important pour une comédienne habituée aux plateaux de tournage et donc coupée, quelque part, du public ?

Karin Viard : C’est ambivalent pour moi. La promotion des films signifie partir de chez moi, une grosse organisation. C’est un passage obligé. Mais une fois que j’y suis, c’est un grand plaisir. Même s’il y a très peu de personnes et qu’elles te disent merci, cela efface tout le reste ! Et puis pour nous les comédiens, voir la réaction très spontanée du public, avant la sortie d’un film, est un réel indicateur. J’ai appris à sentir, suivant si les spectateurs sont déstabilisés ou ont le sourire, si le film allait être un succès ou pas, à sa sortie en salle.

Sortie du film « On a failli être amies », le 25 juin prochain. Propos recueillis par Emilie Cuchet - Photos Jérôme Grelet

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