Collégiale St-Pierre-le-Puellier : explosion de couleurs

La Collégiale St-Pierre-le-Puellier ou l’art de se réinventer en permanence. Depuis près de dix ans, la galerie Danysz (Paris Londres Shangaï), lieu de rencontre et de dialogue entre les artistes, collabore avec la Mairie d’Orléans pour proposer dans l’église millénaire des expositions d’art contemporain toujours différentes, toujours subjuguantes, donnant un point de vue nouveau sur le lieu chargé d’histoire. Patrimoine et modernité fusionnent alors dans une symphonie des formes et des couleurs qui transporte le visiteur dans un autre monde. Plein d’allégresse et de réjouissantes rencontres.

« Divertimento », l’exposition présentée jusqu’au 29 août, ne déroge pas à la règle. Dans un espace épuré, tonique, aux couleurs néon, trois artistes, Felipe Pantone, Jan Kaláb et 1010, dialoguent ensemble pour la toute première fois. « C’est probablement l’exposition qui joue le plus avec l’architecture et la lumière de la collégiale, souligne Clémence Demolling, directrice associée chez la Galerie Danysz. Nous avons pris le parti d’une exposition guidée par la légèreté et la joie ».  D’où le titre qui évoque le divertissement, « quelque chose de ludique, une explosion de couleurs. »

Hymne à la joie

1010 est un artiste contemporain né en Pologne et basé à Hambourg, connu pour ses énigmatiques illusions d'art de rue sur les murs du monde entier. Argentino-espagnol, Felipe Pantone explore l’intersection entre l’art et le numérique, entre les compositions géométriques et les jeux d’optique. Le Tchèque Jan Kaláb est surtout connu pour ses expériences visuelles mixant ses dessins abstraits aux couleurs vives et fluo et ses formes organiques aux divers formats. Leur point commun : avoir débuté leur carrière dans l’espace urbain, fondateur et formateur, jusqu’à évoluer aujourd’hui en tant qu’artistes contemporains, visuels de premier plan. Choc des cœurs et plaisirs de l’âme ! « L’exposition est construite comme un dialogue entre eux trois qui se connaissent et ont déjà eu des temps de résidence ensemble, énonce Clémence. Dans l’univers des uns et des autres, il y a des choses qui plastiquement sont proches, le travail à la bombe, sur le dégradé, la réflexion sur la couleur ».

Dans l’écrin de l’église millénaire, le parcours débute avec 1010 (prononcez ten ten) qui immédiatement nous happe dans ses failles colorées mouvantes, sortes de terriers de lapins donnant le vertige dans lesquels on peut chuter telle une Alice au pays des merveilles psychédélique. Ces peintures géométriques semblent percer le mur et plus on s’en approche, plus on est hypnotisés par le subtil dégradé de couleurs. Maître de l’illusion, 1010 ose tout en terme de chromie pour attirer l’œil. On passe d’une couleur à une autre et l’ensemble prend sens dans une harmonie entêtante, obsédante.

Les œuvres de Jan Kaláb, qui a évolué vers l’abstrait, le minimalisme, lui répondent avec à la fois fracas et légèreté. Dans un espace très ouvert, avec ces grandes perspectives laissant la lecture de la Collégiale plus fluide, une histoire se raconte, des fils se tissent entre les univers des artistes. Ses grands aplats de couleurs parfaitement lisses débordent, explosent de leur cadre, comme si la toile se transformait en objet en trois dimensions. Particulièrement inspiré par les photographies de la Collégiale, l’artiste tchèque a imaginé des couleurs profondes, nuances turquoises et vertes, presque méditatives, avec l’idée d’une lumière paisible, d’une clarté légère s’alliant aux œuvres. Un dégradé mouvant pour donner du volume et de la fluidité aux toiles. Dans la douceur et la rigueur, Jan Kaláb joue avec notre regard, trouble nos sens.

D’illusion d’optique, de jeu grandiose avec la lumière, il en est question avec « Subtractive Variability Dimensional » de Felipe Pantone, pièce centrale de l’exposition flottant dans la nef. Une sphère magique évolutive qui flirte avec la lumière du lieu et joue des couleurs transparentes pour mieux reconstruire des harmonies colorées. Dans ce travail d’abstraction qui n’est pas sans évoquer la Mire, visuel s’affichant sur les anciens postes de télévision en l’absence d’émission, l’artiste cherche à faire vivre une expérience au visiteur. Son œuvre dialogue, se percute, se confronte de manière organique avec le travail des deux autres, comme la pièce à l’autre extrémité de la Collégiale, « Deep Sea Field » de Kaláb, effet d’optique fascinant qui nous avale peu à peu.

Une exposition pour ressentir, respirer l’art, qui fait du bien et sonne comme une évidence.  

13 Cloître St Pierre le Puellier

Jusqu’au dimanche 29 août

Du mardi au dimanche de 14h à 18h - fermeture les lundis et les jours fériés - Entrée libre - Tél. 02 38 79 24 85