Un spectacle de Josef Nadj n’est jamais pareil, il est toujours étonnant. C’est à chaque fois une nouvelle aventure, un nouveau voyage dans le paysage intérieur du danseur et chorégraphe, riche, foisonnant, déstabilisant. Une nouvelle chair et une nouvelle matière. Vives, incisives. On n’est pas spectateur d’une pièce de Josef Nadj, on la partage, on la vit, elle nous dérange, elle nous questionne, elle nous pousse dans nos retranchements. Impossible de rester de marbre, passif, on ne peut que se laisse happer, emporter par cette expérience hypnotique, tantôt troublante ou excitante. Le dernier né de cet imaginaire débridé est de ces aventures abyssales dont le directeur du CCN d’Orléans et sa fidèle cohorte d’artistes ont le secret. Au départ pensé comme un mix de précédentes productions « Paysages après l’orage » et « Journal d’un inconnu », « Paysage inconnu » s’est imposé comme une œuvre à part entière, suite aux improvisations poussées à l’extrême de Josef Nadj et Ivan Fatjo, en symbiose avec la musique de Gildas Etevenard et Akosh Szelevényi. De ces intenses séances de recherche, d’exploration, découle une météorite visuelle et viscérale, aujourd’hui présentée au Théâtre d’Orléans, du 2 au 4 octobre. Après un passage remarqué et remarquable au Festival Temps d’images, au 104 à Paris, en septembre. Sur le plateau presque à nu, où le minimal devient le vital, un étrange quatuor se meut. Deux danseurs, au langage gestuel empruntant aussi bien à l’homme qu’à l’animal lancés dans une transe ancestrale, dans l’exploration d’un territoire à la fois minuscule et immense, intérieur et extérieur. Et deux musiciens, donnant du sens et du son à cette histoire, tantôt menant la danse ou l’accompagnant, au rythme de percussions entêtantes. Dans une mascarade, un jeu de miroir où tout s’oppose et s’attire, se fait et se défait, sans cesse. Les deux danseurs, complémentaires et différents à la fois, dans un rapport tenace d’attirance-répulsion, se battent, se séduisent, s’agacent, se comprennent. La figure du double traverse ce chemin de danse, parfois chemin de croix ou terrain de jeu, où s’entremêlent joies, peines, humour, ironie, grotesque. Des émotions qui renvoient au cycle de la vie et à ses métamorphoses. L’univers de « Paysage inconnu » est mouvant, changeant, façonné par les quatre protagonistes qui basculent dans un flot sonore et gestuel ininterrompu entre vie et mort, mort et vie. Les rites ancestraux, baptême, mariage, vieillesse, nous renvoient à nous-mêmes et à ce que nous sommes. Chacun peut s’y reconnaître, avec son vécu, son ressenti. En connection avec un artiste à fleur de peau, Josef Nadj, qui s’est imposé ces dernières années comme une figure orléanaise essentielle. Emilie CuchetPaysage inconnu, les 2, 3 et 4 octobre, à 20h30, au Théâtre d’Orléans. Durée : 1h environ. Renseignements : 02.38.62.75.30 http://www.josefnadj.comhttp://www.theatredorleans.fr