Festival "Portraits fantômes"

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Une performance artistique dans votre salon. Telle est la proposition de Mickaël Phelippeau, électron libre artistique et provocateur d’émotions. Cinq artistes vont vivre pendant trois jours et trois nuits dans quatre logements différents, entre les quartiers Argonne, Madeleine et Blossières, à Orléans. Puis, du 1er au 2 juillet, un parcours immersif entre les habitations sera proposé au public afin de découvrir ces « Portraits fantômes ».

Culture

Festival "Portraits fantômes"

Comment est né ce projet ?

Mickaël Phelippeau. Une chorégraphe nous avait invités, des artistes et moi, alors que j'étais encore étudiant, dans un petit village en Bretagne. Elle nous avait demandé si nous avions envie d’investir une maison, un appartement, une ferme ou un château, pour créer, répéter, écrire. J’étais le seul à être là en solo, et j’ai eu l’appartement. Je me suis laissé prendre au jeu. J’ai découvert que j’étais chez Marine, une fan de Céline Dion. J’ai vu des photos, j’ai commencé à lire des bouquins… J’en ai gardé un beau souvenir. Cela a été une expérience troublante, de rentrer dans l’intimité d’une personne sans la rencontrer. Les années ont passé. Il y a dix ans, alors que j’étais associé au Théâtre de Brétigny-sur-Orge, nous avons réfléchi à une manière de toucher les gens – mais pas sous la forme d’ateliers –, de penser un rapport du territoire qui ne soit pas « classique ». Nous en sommes arrivés à ce format : trouver trois hébergements, une maison et deux appartements assez éloignés les uns les autres, passer trois jours et trois nuits chez des gens en leur absence, et fantasmer des portraits très différents. C’est comme mener une enquête sur la personne à travers des objets du quotidien. Pour le public, cela consiste en une déambulation entre les différents lieux d’habitation, où leur sont présentées des formes performatives à l’issue du séjour des artistes. J’ai aimé ce projet, j’ai aimé ce que cela a provoqué. Du coup je le mène pratiquement tous les ans dans une ville différente. Ce n’est jamais la même chose.

Vous aviez déjà présenté « Portraits fantômes » en 2017, à Orléans.

Oui, dans un format un peu plus réduit. La déambulation partait du CCNO, puis nous étions allés dans une première maison, qui n’existe plus, aujourd’hui. Les gens ressortaient, allaient dans un grand appartement du centre d’Orléans, puis on terminait le parcours par un tout petit appartement. Cet ensemble constitue les « Portraits fantômes », cette déambulation, et ce principe : à chaque fois que l’on rentre chez quelqu’un, c’est comme un mini-théâtre, avec une mise en scène différente, des ambiances et des humeurs très variées, des surprises… Il est question d’être étonné, de lâcher prise, de partir à l’aventure. Le spectateur est ultra-actif et réactif, il déambule, il participe.

Les habitants doivent laisser libre accès à leur habitation ?

Oui, c’est le principe. Après, ils peuvent fermer une pièce, mettre sous clef certaines affaires, des papiers, etc. Mais tout ce à quoi les artistes ont accès – la cuisine, le salon, les livres, les bibelots… – peut servir à leur imaginaire, à composer ce portrait fantasmé. Certaines personnes viennent voir les portraits de leur habitation, et il y a un côté vertigineux pour elles. Pour les artistes, aussi, quand ils les reconnaissent grâce aux photos… J’ai gardé contact avec certains habitants, comme Mathieu, à Orléans, qui vient voir mes spectacles. « Portraits fantômes » crée des histoires fortes, des liens puissants.

Ce que vous proposerez cette fois-ci sera un peu différent.

En lien avec le CCNO, je réfléchis depuis longtemps à une forme élargie, un véritable festival, et à inviter d’autres artistes (cinq en l’occurrence, dont un binôme), qui sont à des endroits performatifs très différents, à éprouver le principe des « Portraits fantômes ». L’envie, c’est aussi de toucher des quartiers plus excentrés et que le public puisse se déplacer en tram pour découvrir le résultat de ces immersions. C’est pourquoi nous avons choisi l’Argonne, Madeleine et Blossières, avec cette idée de traverser la ville. Moi, je ne veux rien connaître. Les artistes ont une totale liberté, leurs propres fantasmes, leurs propres sensibilités. Je vais tout découvrir avec les spectateurs. Je suis curieux de voir comment ils vont s’en emparer. Le festival s’étalera sur deux jours, avec deux trajets différents et la possibilité de voir la totalité des propositions artistiques. Il y aura aussi un moment festif, le samedi.

Propos recueillis par émilie cuchet

Pratique

- Performances artistiques chez l’habitant
4 logements dans les quartiers Argonne, Blossières, Madeleine
2 parcours : Vendredi 1er juillet à 19h et samedi 2 juillet à 14h et 18h

LIEUX DE RENDEZ-VOUS :
Parcours A : départ de l’arrêt de tram « Madeleine »
Parcours B : départ de l’arrêt de tram « Grand-Villiers »
Chaque parcours vous emmène voir 2 performances
dans 2 logements différents. Le détail vous sera donné après réservation. Déplacements à pied ou en transports en commun.
Durée d’un parcours : 2h (déplacements compris)
Tarif unique : 5€
Jauges réduites, limitées en fonction de l’espace disponible dans les logements

INFOS et RÉSERVATIONS dès le 1er juin 2022
En ligne, sur ccn-orleans.com, par téléphone, au 02 38 62 41 00
Sur place, pendant les horaires d’ouverture