Rencontre avec le réalisateur du film "On sourit pour la photo"

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Mercredi 23 mars, le réalisateur François Uzan était de passage au cinéma Pathé Orléans. Rencontre avec un scénariste habitué des grandes séries passé avec succès à la réalisation.

Culture

Rencontre avec le réalisateur du film "On sourit pour la photo"

On vous avait quitté scénariste de la série Lupin avec Omar Sy, on vous retrouve avec un premier film au cinéma.

François Uzan (réalisateur) : C’est effectivement le premier film que je réalise. J’ai commencé comme scénariste et pendant de longues années, j’étais très heureux comme scénariste. Je préférais être un scénariste heureux qu’un réalisateur frustré. J’étais ravi de mettre mes histoires au service d’autres réalisateurs comme Louis Leterrier pour Lupin, Igor Gottesman pour Family Business.

Et puis, est arrivée cette histoire qui est un peu plus personnelle que les autres. Même si elle n’est pas autobiographique, je me suis inspiré de plein d’anecdotes et de petites choses de ma vie. Pour la première fois, je me suis dit cette histoire-là j’ai envie de l’emmener jusqu’au bout. Un scénario c’est presque comme un enfant, vous l’élevez et ensuite vous le confiez à quelqu’un d’autre, un réalisateur. Cet enfant-là, j’ai eu envie de le suivre, de le voir grandir et de l’amener jusqu’au bout. Elle m’était tellement chère que j’ai pensé si c’est raté ce sera à cause de moi, mais si c’est réussi ce sera grâce à moi. Et ce sentiment a été plus fort que tout.

Orléans est votre première avant-première ?

François Uzan (réalisateur) : C’est très important pour moi ce soir à Orléans. C’est la première fois que je vois l’affiche en grand par exemple. C’est la première avant-première de la tournée qui va faire 17 dates. Il y a eu une première projection en public qui était fabuleuse, au festival du Film de l’Alpe d’Huez, où l’on a eu la chance d’avoir le prix du jury. C’était la première fois que je voyais le film avec une salle pleine. Une sacrée émotion. Mais oui, on commence une tournée ici à Orléans, car Jacques Gamblin, l’acteur principal de mon film, joue au Cado, au Théâtre d’Orléans, jusqu’à la mi-avril. Je suis à la fois très excité et un peu anxieux.

Comment s’est passé le tournage en pleine période de Covid-19 ?

François Uzan : C’était pendant la pandémie donc avait les tests, on était masqués… Gros avantage, on a tourné cinq semaines en Grèce. Comme disait Aznavour, la misère est moins pénible au soleil. On était masqués au pied de l’Acropole. On a tourné dans des décors fabuleux. Donc on a eu conscience de la grande chance qu’on avait de pouvoir quand même faire un film, et d’être en Grèce. On y est parti dès que cela a été possible, en juillet 2020. On a un peu vécu ce qu’ont vécu les personnages dans le film. Un voyage ensemble avec des moments magiques, d’autres un peu difficiles. Cela nous a tous soudés. C’est mon premier long. Donc c’était la première fois que je rencontrais mon équipe, maquillage, costumes, le premier assistant...  Au bout de plusieurs semaines de tournage, on était très proches, comme si on avait passé des vacances ensemble. La mise en abîme c’est que On sourit pour la photo c’est un peu mon film de vacances. Le public voit les personnages, les scènes quand il assiste à une projection du film. Quand on le regarde avec l’équipe, on se souvient de ce qui se passait derrière les scènes. On se rappelle de toutes ces soirées un peu magiques en Grèce. Cinq semaines de bonheur absolu !

Pourquoi avoir choisi la Grèce ?

François Uzan : Mes souvenirs de vacances c’était surtout en Italie, dans une ambiance méditerranéenne. J’y ai passé beaucoup de temps enfant. Une des premières versions du film se passait d’ailleurs en Italie. Et puis la Grèce ayant vécu beaucoup de bouleversements et de changements ces dernières années, je me suis plutôt focalisé sur ce pays. Cela m’amusait de confronter le personnage principal à un pays dont il pensait qu’il n’avait pas du tout bougé. Et il y avait en Grèce tout ce dont j’avais envie pour la couleur de ces vacances, le soleil, la Méditerranée, la gastronomie, les petits restaurants, une culture millénaire. Et c’était plus simple aussi pour des raisons de production.

Comment avez-vous composé votre casting ?

François Uzan : J’ai commencé à écrire ce film en 2011. Cela prend du temps d’écrire, vous ne savez jamais ce qui va se passer. Vous pouvez fantasmer sur un casting mais j’avais toujours préféré écrire des personnages et me dire on verra bien… Parmi les gens que je voyais incarner Thierry Hamelin, évidement il y avait Jacques Gamblin. Quand il a accepté, cela a été une grande joie et aussi une grande responsabilité. J’ai même réécrit certaines scènes uniquement pour lui. Il a une tendresse, une élégance, une poésie. Il y a des moments un peu plus poétiques que ce que j’avais écrit au départ qui lui correspondent totalement. J’ai réécrit sur mesure pour lui. Le personnage principal du film c’est ce papa qui embarque toute sa famille en vacances et qui les prend un peu en otage avec un billet d’avion. Ce personnage peut vite devenir insupportable. Il fallait donc un comédien avec un immense capital sympathie pour que les gens se disent « on l’aime beaucoup ce papa ». C’était très important pour moi et cela c’est Jacques qui l’amène.

Ensuite, j’avais envie de créer un couple avec une vraie dynamique et en même temps deux couleurs. Jacques et Pascale Arbillot sont à la fois merveilleusement complémentaires, très beaux ensemble. Ils me font penser à Fred Astair et Ginger Rogers dans la scène où ils dansent dans le film. Et ils ont aussi des rythmes de comédie différents entre un côté pince sans rire pour l’un et plus spontané pour l’autre.  Pour moi, ce sont mes parents rêvés.

Après, il fallait leurs enfants. J’ai tout de suite évacué l’idée des enfants qui leur ressemblent. Je voulais juste les meilleurs comédiens. Si le film marche bien, le public se dira que c’est une famille. Je connaissais par internet Ludovik qui me faisait énormément rire. Je voyais aussi un potentiel de tendresse en lui alors je lui ai proposé le rôle du gendre. J’entendais les chroniques sur France Inter d’Agnès Hurstel et je suivais sa carrière dans le stand-up. Parfaite pour le rôle de la fille. Il fallait créer une dynamique de frère et sœur très forte donc j’ai pensé à Pablo Pauly, comédien très drôle, grand, physique, très complémentaire avec Agnès, plus petite et mature. Là je me suis dit c’est bon j’ai les Hamelin, on peut partir en Grèce.

Le spectateur se retrouve dans de nombreuses situations du film.

François Uzan : Oui l’idée c’était que les gens voient le film et se disent « ça me rappelle mes vacances ». On a tous vu nos parents feuilleter un guide vert. On a tous eu des enfants qui faisaient des bêtises en vacances. J’y ai mis beaucoup de moi dans ce film en termes d’anecdotes, d’histoires… Mais au-delà de cela, je voulais qu’on retrouve ce parfum des vacances, les longs trajets, les visites, le quartier libre… Qu’on s’identifie aussi bien aux situations des parents qu’à celles des enfants. J’ai coutume de dire que ce film plaira aux gens qui ont des parents et à ceux qui ont des enfants. Cela devrait couvrir un public assez large !

La comédie c’est le genre vers lequel je vais naturellement. Il n’y a pas de sentiment plus joyeux pour moi que de voir une salle qui rit ensemble. On en a besoin en ce moment. C’est une expérience à part. Et je voulais aussi que ce film soit un sandwich avec deux tranches de comédie et au milieu une tranche d’émotion. Cela parle de rapport au temps qui passe, de rapport au couple, de transmission… J’aurai tout gagné si à un moment aussi il y a une petite larme ou un petit pincement au cœur. Un peu comme à la fin des vacances, on est contents d’avoir vécu ces moments et on est triste que cela s’arrête.

Oui car le film a une jolie morale.

François Uzan : Je voulais planter cette petite graine à travers ce film que la meilleure journée est celle que l’on va vivre. C’est vraiment le message de On sourit pour la photo.

Quels sont vos projets à venir ?

François Uzan : Je ne trahis pas un secret en disant qu’une nouvelle saison de Lupin va arriver. J’ai co-créé avec Jean-Pascal Zadi - qui a fait Tout simplement noir - une nouvelle série pour Netflix avec également Eric Judor, Benoît Poelvoorde. C’est une comédie politique, l’histoire d’un éducateur de banlieue qui veut devenir président de la République… On tourne en ce moment.

 

On sourit pour la photo

Sortie le 18 mai

Un film de François Uzan avec Jacques Gamblin, Pascale Arbillot, Agnès Hurstel, Pablo Pauly 

Résumé :

Thierry passe ses journées à classer ses photos de famille, persuadé que le meilleur est derrière lui. Lorsque Claire, sa femme, lassée des " c'était mieux avant ", lui annonce qu'elle le quitte, Thierry, dévasté, lui propose de refaire " Grèce 98 ", leurs meilleures vacances en famille. Officiellement, il veut passer une dernière semaine avec leurs d'enfants avant de leur annoncer leur séparation. Officieusement il espère reconquérir sa femme… Mais les enfants, désormais trentenaires, sont moins dociles qu'il y a 20 ans et la chasse aux souvenirs sur les routes de Grèce va vite fatiguer tout le monde. En tentant de rallumer la flamme de son couple, Thierry risque bien de mettre le feu à sa famille…