Matthieu, on vous avait rencontré en 2023, un an après le lancement de votre brasserie, à l’occasion de votre 1ère labellisation « éco-défis » pour votre investissement en faveur de la réduction des déchets dans le cadre de votre activité professionnelle. Pouvez-vous nous rappeler quelques-unes de vos actions menées en ce sens ?
Oui, bien sûr ! Par exemple la drêche, à savoir les restes après filtration au cours du brassage, produite lors du processus de fabrication de mes bières, qui représente 300 kg de déchets de grains pour 1000 litres de production. Eh bien elle n’est pas jetée, mais entièrement réemployée, récupérée à vélo par les usagers des jardins familiaux de la commune, à peine à plus de 200 m d’ici. Ils en font du compost, du couvert végétal, elle peut servir d’apport nutritif lors du bêchage, nourrir les composteurs…
Une parcelle dans ces jardins voisins est d’ailleurs cultivée pour le compte de la banque alimentaire, et produit dans l’année 1300 kilos de légumes qui sont donc donnés à l’association qui vient en aide aux personnes en situation de précarité. Et du coup, je suis en contact avec un autre jardin familial du coin, qui pourrait se tourner vers un ou plusieurs de mes homologues, et rendre ainsi d’autres brasseurs vertueux.
D’autres exemples d’actions aussi concrètes ?
L’eau chaude utilisée dans mon processus de fabrication, au lieu de la jeter, je la récupère pour le brassin suivant, et pour cela j’ai investi en achetant une cuve juste pour ça, et j’ai également fait isoler toutes mes vannes et mes circuits. J’ai également fait le choix, et investi en ce sens, afin que mes produits ne soient pas stockés dans des cartons mais dans des cages en métal, réutilisables à vie. Pareil pour les livraisons de mes clients professionnels, j’ai opté pour des casiers consignés, réutilisables eux aussi, rien n’est jeté !
Parmi les nouvelles actions mises en place, il y aussi la réutilisation des levures qui auparavant étaient jetées, évacuées avec les eaux usées, et qu’aujourd’hui je suis arrivé à isoler. Une fois mélangées aux eaux de pluie récupérées dans et pour les jardins familiaux, elles servent à leur arrosage, c’est un fertilisant naturel. On transforme un déchet en ressource, le tout en circuit très court.
Tout cela en plus de la mise en place de la consigne, pratique à laquelle vous êtes particulièrement attaché…
Ha oui ! Dès le lancement de La Riff, en 2022, cela m’est apparu comme une évidence de privilégier le réemploi pour mes bouteilles, qui sont d’ailleurs toutes les mêmes, en verre marron et en format 33 cl. L’association locale Consigne & moi, dont j’assure depuis peu la présidence, récupère les bouteilles que les clients me rapportent, se charge de les débarrasser de leurs étiquette (dont la colle a été tout spécialement choisie à cet effet) et de les laver, avant de mes les restituer pour leur offrir une nouvelle vie. Et afin de rendre ce geste encore plus simple et accessible, nous nous apprêtons à installer dans une supérette orléanaise un récupérateur automatique de consignes pour tous les contenants en verre.
Toujours plus loin contre la production de déchets, donc…
Il est toujours possible de faire mieux, oui. J’ai la chance d’être de plus en plus demandé pour des stands événementiels, peut-être parce que les bières de La Riff ont reçu plusieurs médailles lors de concours (rires). Dans ce cas par exemple, nous ne prenons pas de poubelles avec nous, car en vérité nous n’en avons pas besoin. En se les interdisant, on s’interdit les déchets.
Mais les capsules, par exemple ?
C’est en effet le seul objet qui reste, mais nous les récupérons et nous les utilisons pour customiser, décorer notre mobilier, qui est lui aussi réalisé à partir de palettes et d’anciens fûts, mobilier que nous sortons devant la brasserie tous les vendredis soir pour accueillir le public à l’occasion de nos tout nouveaux afterworks. Toute l’équipe vous y attend !