Deux nouveaux acteurs de la consigne pour le réemploi du verre

Rencontre avec Stéphane Lamoureux de Local & Bocal et Delphine Perruche de Consigne & moi

Local & Bocal et Consigne & moi sont deux associations du territoire métropolitain qui œuvrent pour promouvoir la consigne pour réemploi des emballages en verre. Comment l’idée de développer cette pratique a émergé ?

Stéphane Lamoureux : L’idée est venue d’un questionnement : pourquoi tout le monde n’achète pas en vrac ? Le vrac est-il vraiment accessible ? La traçabilité des produits en vrac, l’hygiène, le côté contraignant… On a travaillé tout cela pour essayer de trouver les meilleures réponses. Le principe de Local & Bocal repose sur le conditionnement de produits d’épicerie sèche en bocaux consignés. Ce sont des farines, légumes secs, biscuits, pâtes artisanales… Tous les produits proviennent de producteurs locaux et sont achetés en grandes quantités avant d’être mis en bocaux dans un atelier puis étiquetés avec l’identité visuelle du producteur. Ils sont ensuite revendus dans les boutiques partenaires.

Delphine Perruche : Consigne & moi est une jeune association créée en 2022. Je suis partie d’un constat sur mon expérience personnelle : je voulais engager une démarche zéro déchet mais j’ai trouvé cela très difficile à mettre en œuvre. Le fonctionnement économique n’est pas construit pour orienter aisément les consommateurs dans cette démarche. Je culpabilise à l’idée d’avoir du plastique à la maison… Et puis, je me souviens que l’on pratiquait la consigne du verre avec mon grand-père. Alors, l’idée de Consigne & moi repose sur la vocation de sensibiliser et d’amener tous les acteurs de la filière, du producteur au consommateur, à s’engager et adopter la démarche de la consigne au niveau local. Car tous sont des acteurs clefs ! Le producteur doit accepter de conditionner ses produits dans nos contenants, le distributeur d’organiser la récupération des contenants et le consommateur de les rapporter. Ce n’est pas simple. Et de notre côté, il s’agit d’organiser la collecte et le lavage des contenants. Cela demande des investissements importants. La filière se construit petit à petit avec entre autres des phases d’expérimentation qui permettent d’élaborer des méthodes de travail pour que le circuit de la consigne soit rentable et performant. Actuellement, on accompagne des petits producteurs locaux et des micro-brasseries et aussi Local & Bocal !

Vos structures font partie du groupement d’associations présentes au Comptoir du réemploi à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin qui a ouvert ses portes au début du mois. Quelles sont vos activités au sein de cet équipement et qu’allez-vous proposer au public ?

Stéphane Lamoureux : Le Comptoir du réemploi est une belle opportunité pour promouvoir Local & Bocal. Au sein de la boutique, je dispose d’un espace dans lequel j’ai aménagé un point de vente de produits locaux en bocaux. Notre activité est totalement en cohérence avec l’activité du lieu. En plus, cet espace me permet de communiquer directement avec les visiteurs, de les sensibiliser, de promouvoir la consigne, le réemploi, la démarche zéro déchet, de les « convertir » à l’économie circulaire… Les gens se sentent parfois éloignés de ces circuits de production locale.

Delphine Perruche : Au Comptoir du réemploi, Consigne & moi propose deux types d’action, notamment de la sensibilisation. Nous avons envie de donner les clefs de réflexion sur les choix de consommation, expliquer pourquoi on fait du réemploi. Le recyclage est nécessaire mais le réemploi est une solution plus vertueuse. On propose des ateliers ludiques pour les enfants où on leur montre différentes façons d’utiliser un bocal en verre et comment faire pour le réutiliser. C’est aussi un point de collecte des contenants ou bouteilles consignés. Celles-ci portent un logo spécifique.

Aujourd’hui on parle d’économie circulaire, de transition écologique et vos activités s’inscrivent parfaitement dans ces démarches. Comment percevez-vous l’impact de vos actions ?

Stéphane Lamoureux : Notre impact est double. D’une part, réduire les déchets : le verre remplaçant le plastique, l’emballage est réemployé plutôt que recyclé. D’autre part, donner de la visibilité aux producteurs locaux et montrer la diversité de produits fabriqués autour de nous et développer les circuits courts. C’est la solution zéro déchet du producteur au consommateur !

Delphine Perruche : C’est difficile à mesurer pour l’instant car nous agissons dans un périmètre défini et l’asso est encore jeune. Mais il y a déjà effectivement l’évitement du plastique, d’autant plus que l’emballage à usage unique est voué à disparaitre. On va définir un indicateur pour mesurer les effets de la consigne. On peut déjà affirmer que le 1er impact est fort au niveau de la fabrication. Pour produire du verre, on a besoin de matières premières, silice, sable, eau et énergie. Le réemploi du verre permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 79%. Il y a une vraie dynamique qui existe sur le sujet de la consigne mais c’est surtout l’engagement qui est indispensable et rend possible les choses. Aujourd’hui, on doit garder à l’esprit les fameux 5R : réduire, réutiliser, recycler, réemployer, refuser et rendre à la terre. J’invite tout le monde à venir nous rencontrer au Comptoir du réemploi, c’est un lieu de partage où l’on encourage et facilite le « consommer autrement ».