Galerie La Tour St-Etienne

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L’histoire d’une passion, celle de Jean-Bernard Rouilly, ancien antiquaire orléanais, qui a ouvert une galerie pour servir d’écrin à un artiste disparu, Rolf Hirschland.

Culture

Galerie La Tour St-Etienne

L’histoire est belle et elle est multi-facette. Au commencement, il y a  Jean-Bernard Rouilly, ancien antiquaire, qui consacre sa retraite à retrouver les œuvres éparses d’un artiste oublié, perdu dans les méandres de l’histoire, Rolf Hirschland. Décidé à exposer l’artiste avant-gardiste juif allemand à la destinée romanesque qui dut se cacher pendant la 2nde Guerre Mondiale, mais confronté à la crise sanitaire et aux confinements successifs, l’Orléanais trouve la solution : aménager sa propre galerie. Et pas n’importe où, dans un bâtiment circulaire à l’incroyable cachet, rappelant l’ancienne tour d’enceinte gallo-romaine sur laquelle il a été fondé.

Rue st-Etienne, au numéro 8 plus précisément, la Galerie La Tour St-Etienne présente ainsi le parcours artistique d’Hirschland, cinquante ans après sa mort. Des dessins et peintures de sa période espagnole, dans les années 30, issus du fonds de collection de l’association créée par Jean-Bernard Rouilly et de collections privées. Le tout est placé sous le commissariat d’exposition de la fille de Jean-Bernard, Aline. Une histoire de passion, et de famille aussi. Tout est réuni pour poursuivre une histoire magnifique. Sur près de 160 m2 - deux salles au rez-de-chaussée, une autre à l’étage et une salle annexe dans la cour -, le talent de Rolf Hirschland, entre expressionnisme, cubisme, abstrait, et même surréalisme, explose. Et la nouvelle galerie, cocon intime et merveilleux totalement inattendu, apparaît pleine de promesses.

L’exposition est visible à Orléans jusqu’au 3 octobre, puis les œuvres voyageront à Marseille. Le lieu d’exposition devrait rouvrir en novembre pour présenter un autre pan du travail artistique d’Hirschland. Et ensuite ? Jean-Bernard Rouilly se réserve le soin de réfléchir à l’avenir de ce lieu unique qui fait déjà parler de lui et où pourraient être programmées de futures expositions et d’autres talents. Affaire à suivre.

Exposition jusqu’au 3 octobre, Galerie la Tour Saint-Etienne, 8 rue Saint-Etienne à Orléans.
Entrée libre tous les jours de 14 heures à 19 heures et sur rendez-vous au 06 07 33 38 63

Le parcours de Rolf Hirschland :

Il naît à Hambourg en 1907 et se forme aux Beaux-Arts de sa ville natale, avant d’intégrer la prestigieuse école de Berlin. Lancé dans une véritable quête artistique, il part pour Paris en 1928, puis séjourne en Espagne en 1933 et 1934. Ses œuvres provoquent l’admiration, et l’une de ses toiles est acquise par l’Etat français pour être exposée au Jeu de Paume.

Quand survient la guerre, Rolf fuit Paris mais il est arrêté et interné pendant un an, à Arandon. Traumatisé, il pose ses pinceaux à Marseille et crée sans relâche, plus de 200 toiles en moins de deux ans. En juillet 42, il doit fuir de nouveau, pour éviter la déportation et trouve refuge dans le Luberon puis près du Massif de Chartreuse. Après la guerre, il voyage à New-York où il renoue avec le succès, le MoMA lui achetant 8 toiles. Remis à flot, il retourne à Paris et emménage à la Ruche, cité d’artistes du 15e arrondissement de Paris, où il expérimente de nouveaux territoires. Ses expositions remportent un vif succès. Installé à Joucas, le peintre s’éteint à l’âge de 65 ans, en 1972.