La cheminée Renaissance de l’Hôtel Cabu bientôt en restauration

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Une opération spectaculaire se déroule en ce moment à l’Hôtel Cabu. La cheminée Renaissance, pièce maîtresse installée au cœur du musée historique depuis le 19e siècle, est actuellement démontée pour être emmenée en restauration. Le chantier doit durer jusqu’à la mi-janvier.

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La cheminée Renaissance de l’Hôtel Cabu bientôt en restauration

Pour les 200 ans des musées orléanais célébrés le 30 décembre prochain, l’Hôtel Cabu lance la restauration de la cheminée Renaissance, pièce maîtresse sauvée de l’incendie de 1940 qui va enfin pouvoir se refaire une beauté. Un moment fort pour le patrimoine de la ville. Un jeu de minutie et de patience pour les restaurateurs. En effet, une équipe de cinq spécialistes est à pied d’œuvre depuis le 18 décembre pour démonter, morceau après morceau, quasiment pierre après pierre, la cheminée. Des restaurateurs chevronnés et des amoureux de l’Histoire, un membre de l’équipe constituée pour l’occasion entretenant notamment les marbres du Château de Versailles depuis une dizaine d’année.

« La première étape, celle sur laquelle nous sommes en ce moment, consiste en la dépose de la cheminée, explique Olivier  Rolland, le doyen et mandataire de l’équipe. C’est une opération très délicate qui va durer environ 3 semaines. Ensuite, nous allons emporter les blocs à Tours pour les dessaler. Ils seront mis dans des bains. Environ trois ans seront nécessaires ! ».

La cheminée en péril a subi les ravages du feu et de la guerre, en cause les bombardements de 1940 qui ont détruit le vieil Orléans, mais c’est aujourd’hui le sel qui menace le trésor historique. « Les cristaux de sel rongent les sculptures et creusent la cheminée, détaille le spécialiste. Cela tombait même en poudre par endroit. Les fers utilisés pour maintenir la structure après les bombardements ont rouillé et commencé à casser par endroit. La rouille a accéléré le phénomène du sel »

Dépose, dessalement, repose… « Cela va représenter un puzzle de milliers de morceaux à reconstituer dans trois ans. Pour cela, nous prenons actuellement des milliers de photos, faisons des relevés, des calques pour pouvoir reconstituer à terme l’œuvre à l’identique ». Un travail de fourmi… et de titan à la fois ! L’objectif étant, également, de la consolider, la soutenir pour la présenter sans coffrage, et conserver la présentation du 19e siècle qui avait été très bien pensée. De quoi « conserver un maximum de l’histoire de l’objet, qu’il reste dans son jus ! »

Un peu d’histoire

En 2016, les travaux de réaménagement de la salle du rez-de-chaussée de l’Hôtel Cabu - Musée Archéologique et Historique de l’Orléanais ont été l’occasion de remettre au jour les vestiges de cette cheminée sculptée de la Renaissance. Endommagée par l’incendie du musée en 1940, cette cheminée, appuyée contre le mur sud du rez-de-chaussée, avait été cachée à l’intérieur d’un coffrage. Elle n’a pas toujours été située là. Elle a été remontée dans l’Hôtel Cabu au 19e siècle. Elle provient, en effet, du rez-de-chaussée d’une autre habitation Renaissance, totalement détruite, et autrefois située au n°12 de la rue Puits-Landeau. Une rue disparue en 1940 qui reliait la rue du Cheval-Rouge à la rue Coulon.

Cette œuvre s’inscrit dans le corpus des quelques cheminées sculptées connues à Orléans, aujourd’hui quasiment toutes détruites ou disparues. D’où l’importance de sa sauvegarde et de sa restauration aujourd’hui.

L’équipe de restaurateurs

* Sara Benkhalifa est basée à Paris, formée à l’INP-restaurateurs (Master), elle connait bien le dessalement par bains (en cours : cheminée polychrome de la Santa Casa au musée national de la Renaissance) et elle est l’un des piliers du suivi des marbres extérieurs du château de Versailles (équipe qui restaure actuellement les groupes colossaux de l’Orangerie à Mantes la Jolie, dont 2 puzzles 3D de 20 tonnes pièces).

* Fabienne Bois est basée près de Tours, dont elle a suivi la formation (autre Master agréé Musées de France, cursus CRBC de l’ESAD TALM ), elle aussi connaît très bien le dessalement par bains, les polychromies anciennes et les manutentions lourdes.

* Adèle Cambon de Lavalette, basée à Paris mais habite Orléans, formée à l’INP-restaurateurs comme Sara, elle connait très bien les sculptures en pierres monumentales et les polychromies anciennes (elle travaille notamment au sein d’une équipe qui prépare la restauration des splendides statues polychromes du tour de chœur de la Cathédrale d’Albi, elle travaille sur beaucoup d’autres œuvres prestigieuses).

* Leila Léourier Cavusoglu, diplômée 2023 de la formation de Tours (avec un très bel albâtre du début du 17e siècle qu’elle a magnifiquement restauré), basée à Tours, elle est la benjamine de l’équipe.

* Olivier Rolland (photo ci-dessous), doyen de l’équipe, diplômé comme Fabienne et Leila de la formation de Tours, spécialisé dans la conservation-restauration des sculptures en pierre, plâtre, terre-cuites et leurs polychromies et en particulier dans le traitement des sels et dans les manutentions difficiles.

30 décembre 1823 - 30 décembre 2023 : Les Musées d’Orléans fêtent leurs 200 ans.

Ce jour-là, il y a deux siècles, la ville d’Orléans publiait un arrêté pour la création d’un musée et d’un cabinet d’histoire naturelle. L’idée n’était pas neuve mais il avait fallu la détermination de André Gaspard Parfait de Bizemont-Prunelé, adjoint au maire Florizel de Drouin, comte de Rocheplatte, pour voir aboutir ce rêve que l’amateur orléanais Aignan Thomas Desfriches avait fait germer quarante ans plus tôt dans l’esprit du jeune homme qu’il était alors. Ensemble ils avaient fondé en 1786 l’Ecole gratuite de dessin, destinée à former jusqu’à aujourd’hui à Orléans des artistes.

Deux ans plus tard, le 4 novembre 1825, le musée d’Orléans ouvrait ses portes dans l’Hôtel des Créneaux, déjà riche de centaines d’objets réunis grâce à la générosité des donateurs et à la persuasion du comte de Bizemont, qui devenait le premier directeur de l’institution nouvelle.

Le programme des animations dans les musées