Matthieu Saunois, brasseur à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin et lauréat des Éco-défis 2023

Publiée le

Rencontre avec Matthieu Saunois, créateur de la brasserie La Riff, à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin, labellisé « éco-défis » pour son investissement en faveur de la réduction des déchets dans le cadre de son activité professionnelle.

Développement durable , Environnement

Matthieu Saunois, brasseur à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin et lauréat des Éco-défis 2023

Matthieu, dès la création de votre brasserie et son ouverture, en 2022, vous avez mis en place des actions concrètes afin de limiter l’impact de votre activité sur l’environnement…  

Bien sûr, à commencer par la consigne des bouteilles de mes bières artisanales. Dès le lancement de La Riff, j’ai travaillé avec l’association locale Consigne & moi, par qui d’ailleurs j’ai été informé des éco-défis. Ici je brasse 5 bières différentes en permanence, plus des éphémères en fonction des saisons, de mes envies, de mes idées… Et la bière artisanale, de par sa spécificité, si elle est conditionnée dans des bouteilles en verre, doit l’être dans du verre teinté, marron. Donc imaginez : quand j’achète une bouteille chez mon fabricant, elle vient du sud de la France, le sable de la région de Fontainebleau, elle est stockée chez mon distributeur dans le nord du pays, puis elle m’arrive ici. Alors une fois qu’elle est vendue et consommée, et si elle arrive dans le point d’apport volontaire, ce qui n’est pas toujours le cas, elle est alors cassée, mélangée avec les autres verres de couleur, elle repart chez le verrier, qui dépense de l’eau et de l’énergie pour qu’elle redevienne blanche comme les autres, avant de me la teinter de nouveau, et de refaire le même parcours avant de revenir ici ?
C’est un non-sens !
Moi j’ai choisi de privilégier le réemploi. Le client me restitue la bouteille après utilisation, je la confie à Consigne & moi, où elle est lavée, débarrassée de son étiquette, et donc prête pour une nouvelle vie.

D’autres actions en ce sens, qui vous ont valu d’être reconnu et labellisé ?
Oui, bien sûr. J’ai décidé, par exemple, de ne pas avoir recours à des houblons qui viendraient de l’autre bout du monde. Autre exemple, la drêche, à savoir les restes après filtration au cours du brassage, produite lors du processus de fabrication de mes bières, qui représente 300 kg de déchets de grains pour 1000 litres de production. He bien elle est entièrement réemployée, récupérée par les usagers du jardin collaboratif de la commune, à peine à plus de 200m d’ici. Ils en font du compost, du paillis, certains s’en servent pour nourrir les poules…
L’eau chaude que j’utilise dans mon processus de fabrication, au lieu de la jeter, je la récupère pour le brassin suivant, et pour cela j’ai investi en achetant une cuve juste pour ça, et j’ai également fait isoler toutes mes vannes et mes circuits. J’ai également fait le choix, et investi en ce sens, afin que mes produits ne soient pas stockés dans des cartons mais dans des cages en métal, réutilisables à vie. Pareil pour les livraisons de mes clients professionnels, j’ai opté pour des casiers consignés, réutilisables eux aussi, rien n’est jeté !

Et des axes d’amélioration déjà dans les tuyaux ?
Oui, j’aimerais bien notamment agir auprès de mes fournisseurs, qui me font parvenir mes grains emballés dans du cellophane, parce que même si eux n’en utilisent pas, c’est souvent le choix du transporteur, car pour lui c’est plus sûr, plus pratique… Ne pas produire de déchets en amont non plus, c’est là-dessus que je dois tenter désormais de faire mieux !