Rencontre avec Natasha St-Pier

Vous jouez dans les églises de France à guichets fermés depuis plusieurs années. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans une telle aventure ?

Mon Dieu, qu’est-ce qui m’a donné envie de me lancer dans tout ça ? C’est arrivé par hasard, sans trop réfléchir. J’ai écrit un album sur les poèmes de jeunesse de sainte Thérèse de Lisieux en 2013, et j’ai commencé à me produire dans des églises. Je me suis prise à mon propre plaisir dans ces lieux, en termes d’échanges avec le public. Il n’y a pas la barrière de la scène, on est très proches, on vit une vraie intimité avec les gens, qui ne viennent pas avec les mêmes attentes, la même écoute que lors d’un concert « classique ». Et le son est formidable ! Il y a une réverbération naturelle qui confère un côté très mystique. Tout est dans la finesse, il faut éviter les percussions et les tambours qui pourraient écraser le son. Dans un spectacle pianovoix ou avec des violons, c’est très agréable. La magie opère !

Vous êtes en quelque sorte le trait d’union entre sainte Thérèse de Lisieux et Jeanne d’Arc.

Je voulais me diriger vers un autre projet, mais une partie de moi avait du mal à se détacher de Thérèse, qui m’a tant inspirée et tant apporté. J’ai découvert qu’elle avait beaucoup écrit sur Jeanne d’Arc. Qu’elle avait même raconté sa vie à travers deux pièces de théâtre. Il y a eu comme une évidence. J’ai décidé de consacrer un album à Jeanne. J’ai écrit sept textes. Des auteurs qui me sont chers et m’accompagnent, comme Lionel Florence, Marie Bastide, ont également écrit des titres. Dans chaque chanson, un paragraphe provient de la pièce de Thérèse. En quatorze chansons, je vais raconter l’histoire de Jeanne d’Arc vue par sainte Thérèse de Lisieux.

Jeanne d’Arc est une figure qui vous fascine ?

Oui, c’est une femme inspirante. Ce qui est drôle, ce sont les points communs entre elle et Thérèse, qui, toutes deux, à des époques différentes, n’en avaient rien à faire de leur statut de femme, et ont décidé qu’elles avaient un destin à accomplir. Thérèse disait d’elle-même et de Jeanne d’Arc : « Une mission semblable avec des armes différentes. » L’arme, pour elle, était l’amour.

Votre album Jeanne sort le 30 septembre, et vous serez à cette même date en concert à la cathédrale d’Orléans.

Ce sera le tout premier concert de la tournée « Jeanne ». Commencer à Orléans me paraissait logique, naturel, car une grosse partie de l’album s’inspire des combats pour libérer Orléans. J’ai d’ailleurs tourné deux clips ici pour le nouvel album. Pour moi, il est important de me rapprocher des lieux historiques, que l’on garde bien en tête que tout cela est vraiment arrivé, que ce n’est pas une légende ou un conte. On a des écrits, des archives. J’ai tourné à l’Hôtel Groslot, à la cathédrale. C’est une partie de notre histoire ! J’ai eu la chance d’être entourée de spécialistes à qui j’ai pu poser mille et une questions. J’ai travaillé pendant près de dix ans sur sainte Thérèse de Lisieux, alors que cela fait à peine un an et demi que j'étudie Jeanne. Je n’ai pas encore eu le temps d’en faire le tour !

La musique vous a permis de trouver une forme de spiritualité ?

Il y a une espèce de magie dans la musique, qui sublime nos émotions, exorcise nos peines de coeur, nous connecte avec nous-mêmes. Enfant, on brise le lien de dépendance avec ses parents en exprimant ses goûts musicaux, par exemple. La musique accompagne nos vies ! Parfois, c’est de l’ordre de l’impalpable, c'est très mystérieux. Je trouve passionnant de mêler musique et spiritualité. Actuellement, je suis passionnée par ce projet musical autour de Jeanne et cette tournée dans les églises. C’est ce qui m’accompagne, me motive au quotidien. Je prends ce chemin. Je vis, je dors Jeanne d’Arc ! Je m'apprête d’ailleurs à déjeuner avec Laurent Voulzy, qui est un passionné du sujet.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le spectacle à la cathédrale ?

Il n’est pas encore créé. Nous allons l’inventer début septembre. Ce qui est sûr, c’est que ce sera du piano-voix. Avant, pour me ressourcer, j’aurai fait des sauts de puce un peu partout, avec mon fils, entre le Puy du Fou, une maison que nous avons louée pour quelques jours dans le sud de la France et notre camp de base en région parisienne. Se balader, découvrir, se laisser le temps de vivre… 

Propos recueillis par émilie cuchet
Photo : M Delbeke

Pratique

Natasha St-Pier en concert vendredi 30 septembre 2022 à 20h30
Cathédrale Saint Croix, Orléans.
Réservations