Regards sur Orléans

Plus de 2200 ans d’histoire sous nos pieds. 25 ans de fouilles dévoilées. Une vingtaine d’opérations menées dans les entrailles de la ville. Des centaines d’objets sortis de terre. Des secrets révélés et une image d’Orléans renouvelée.

La nouvelle exposition patrimoniale, inscrite dans le cadre du Label Ville d’Art et d’Histoire, est destinée à faire date. Grâce au partenariat entre la Mairie, la Drac Centre (Direction des affaires culturelles du Centre) et l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), « Regards sur Orléans : archéologie et histoire de la ville » offre aux habitants une vision nouvelle sur l’évolution de la ville à travers les âges. Un point d’étape - historique et visuel - des connaissances archéologiques actuelles. A découvrir au musée des beaux-arts, jusqu’au 6 juillet.

Chaque période apporte son lot de révélations

« Une exposition d’une telle ampleur, il n’y en a que tous les 25 ans environ, révèle Sébastien Jesset, responsable du Service archéologique municipal. Il fallait une matière nouvelle à présenter au grand public, ce qui est le cas aujourd’hui. Les derniers chantiers nous ont permis de renouveler des pans entiers de l’histoire d’Orléans et de mettre en lumière des périodes ignorées ». Car l’avancée majeure, spectaculaire de ces dernières années, c’est sans conteste l’accélération des découvertes autour de la ville gauloise : « avant les années 90, on n’avait trouvé aucun vestige, on ne savait rien sur Orléans à la période du 2e siècle avant notre ère. » Or, les fouilles menées Place du cheval rouge, Place Sainte-Croix, à la Motte Sanguin…, permettent aujourd’hui aux archéologues de visualiser des rues et des quartiers entiers, de décrire les modes de vie et les pratiques funéraires de nos ancêtres gaulois. Stupéfiant !
Autre trace invisible rendue tout à coup visible : « la ville du Haut-Moyen Age, construite en pierre, en dur et non pas en bois, n’a rien à voir avec ce qu’on avait imaginé. C’est probablement toute l’histoire des villes de la seconde moitié de l’Europe qui est en train de se réécrire grâce entre autre aux données orléanaises ». Et chaque période apporte son lot de révélations : la fin de l’empire romain et sa « ville introuvable », le début du Moyen-Age et sa « folie de bâtir »…

Une scénographie ludique et interactive

A destination de tous les publics, petits et grands, l’exposition suit le fil chronologique, de l’origine de la ville à la Renaissance, et happe le spectateur par une scénographie ludique et interactive, chaque éclairage thématique étant illustré par des objets souvent montrés pour la toute première fois : céramiques, objets en terre cuite, bijoux, et - pièce maîtresse - un vaisselier romain exceptionnel. Autre force du parcours : lier la ville d’aujourd’hui et celle d’hier, par un jeu incessant d’évocations et d’images avant/après, particulièrement percutant. Un parcours complété par des vidéos, plans, restitutions, documents d’archive… « L’objectif c’est que les Orléanais comprennent que la ville qu’ils ont sous leurs yeux n’est pas uniquement celle du 21e siècle, narre Pascal Joyeux, commissaire scientifique de l’exposition. Et qu’à chaque fois que l’on opère une transformation dans le temps présent, cela impacte la ville d’hier et celle de demain ». Une transmission de savoir passionnante : « nous les archéologues nous sommes des passeurs, nous avons envie que les habitants s’approprient l’histoire de la ville, la rêvent aussi ! » A bon entendeur…