Tumultes, nouvelle exposition à la Collégiale

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Une exposition entre homme et nature. La galerie Danysz dévoile « Tumultes » à la Collégiale St-Pierre-le-Puellier, du 25 juin au 31 août. Ou quand sept artistes d’aujourd’hui écoutent le fracas du monde et nous éclairent sur les enjeux écologiques.

Culture

Tumultes, nouvelle exposition à la Collégiale

Tumulte
Nom masculin
1. Désordre bruyant
2. Agitation bruyante et incessante.
Chahut, agitation, grand mouvement de désordre aussi bien sonore que physique

Un nom coup de poing pour une exposition collective pas comme les autres. Jusqu’au 31 août, la célèbre galerie Danysz lève le voile sur son nouveau rendez-vous dans l’écrin de la Collégiale St-Pierre-le-Puellier, église millénaire témoin chaque année de nouvelles péripéties, de nouvelles rencontres inattendues. 

« Tumultes évoque ce bruit de fond qui s’installe dans le paysage et prend de l’ampleur, révèle Stéphane Guerreiro, co-commissaire d’exposition. Il y aussi cette idée de rumeur du monde. » Sept artistes d’aujourd’hui expriment comment la nature se manifeste et s’exprime, comment l’homme l’entend et reçoit son message. A travers leurs œuvres, ces citoyens du monde éclairent chacun à leur manière l’enjeu écologique, pas de manière scientifique ou documentaire, mais avec leur instrument de prédilection, leur art : vidéo, photo, performance, installation. Différents médiums empreints de leur sensibilité révélateurs du monde qui nous entoure, avec cette idée chevillée au corps et au cœur d’un art contemporain qui interroge, qui véhicule des émotions.

Le parcours offre un cheminement dans les œuvres clé des artistes, telles des strates photosensibles qui s’accumuleraient devant notre regard. Libre au visiteur de prendre son temps, de se perdre et de revenir sur ses pas pour découvrir cette immensité poétique, ce territoire sans limite. En partant sur la gauche, on découvre une première œuvre de ZEVS (prononcé comme le dieu grec) qui se fit d’abord connaître dans le graffiti avant de s’exprimer dans les arts plastiques et la peinture. Transgressif, il aime à détourner les marques, les logos pour mieux dénoncer les notions de pouvoir, l’impact des forces économiques sur l’homme et la planète, les ravages de l’exploitation pétrolière. Son œuvre conceptuelle « Jet Painting », tout en paradoxe entre le message « Welcome » et ce qu’il dénonce, est une excellente entrée en matière. Et un plaisir pour les yeux aussi, montrant que l’art a avant tout la capacité de produire du beau.

Non loin de là, c’est la rencontre choc avec le duo Icy & Sot, deux frères iraniens exilés aux Etats-Unis qui ont débuté par le pochoir et sont désormais des figures de l’art contemporain bien identifiées sur la scène internationale avec leurs sculptures, installations, performances... Urgence écologique, guerre, injustices… Impossible de ne pas être happé par la photographie de leur œuvre phare « Our house is on fire », cabane en feu dans un désert américain. Un art engagé qui ne laisse personne indifférent tant il transpire de sincérité et de force, d’espérance en l’avenir aussi. Rien n’est écrit ou figé....

Autre rencontre percutante, teintée d’optimiste là-encore, celle de l’artiste écossais Robert Montgomery, qui fait surgir par ses mots de vastes perspectives dans le temps et dans l’espace, en total contraste avec les panneaux publicitaires dont il prend la place ou qu’il détourne. Pour lui, « l’art peut être transformateur », il parle de cœur à cœur avec celui qui regarde ses travaux, empreints d’une très grande poésie. « The future is a risk of our hearts ». Tel est le message inscrit en lettres de néon led dans la nef de la Collégiale, métamorphosée. Le futur nous appartient, à nous d’abattre différemment les cartes qui sont entre nos mains, de recommencer le jeu. En bruit de fond, le récit imaginaire de Superpoze, musicien et compositeur de musique électronique, rajoute un autre niveau de lecture, les œuvres des artistes se répondant les unes les autres.

Dans le centre de la Collégiale, Saype se distingue par ses interventions monumentales à même le sol qui dévoilent toute leur ampleur vue du ciel. Un mélange entre land art, poésie et street art qui interpelle. Ses photographies sont autant de fenêtres ouvertes sur un monde que l’on voudrait meilleur.

Côté droit, l’univers ensorcelant de Liu Bolin entraîne le visiteur dans un rêve vertigineux. Artiste caméléon, de l’intervention silencieuse, il utilise le camouflage pour se fondre dans le paysage dans sa célèbre série de photo-performances Invisible man. Enfants et adultes cachés dans une forêt pour mieux faire corps avec la nature, être comme absorbés par elle. Une fois encore, la dénonciation passe par le détournement, la dissimulation, un jeu de disparition et d’apparition, un arrière-plan à peine entrevu qui a souvent une valeur prédatrice. Tel un cri poétique et pacifique. Liu suggère une humanité en péril, une dissolution de l’homme dans les structures économiques, technologiques et politiques, pour lui disparaître c’est protester.

Les travaux des artistes s’entrechoquent et s’interpellent. Rero, lui, barre ses messages d’un épais trait noir. Il introduit l’incertitude, floute les frontières entre intérieur et extérieur, entre vérité et contradiction, entre ce qui est et ce qui n’est pas. Une approche conceptuelle qui rend celui qui regarde acteur. Et comme Mauriac le disait : « L'étrange, dans l'orage, ce n'estpassontumulte, mais le silence qu'il impose au monde et cetengourdissement. »

Une exposition à méditer tout l’été.                                                                            

Visites guidées

L’exposition « Tumultes » va résonner tout l’été sous les voûtes de la Collégiale St-Pierre-le-Puellier. Pour prolonger l’expérience visuelle et le dialogue avec des œuvres éclairant chacune à leur manière l’enjeu écologique, des visites guidées sont proposées les dimanches 17 et 31 juillet, 7 et 28 août à 15h.

Durée : 45mn. Pour le confort de la visite, réservation conseillée, du mardi au samedi après-midi, au 02 38 79 24 85.

En écho à l’exposition « Tumultes », l’équipe du MOBE propose des visites flash de 20 minutes autour des liens humain-environnement et de ses impacts sur le vivant et le minéral.

Rendez-vous au MOBE les samedis 16 et 30 juillet et 6 et 27 août à 16h30 (sans réservation)

Pratique

Collégiale Saint Pierre le Puellier
Cloître Saint-Pierre le Puellier à Orléans
ouvert du mardi au dimanche de 14h à 18h, fermeture les lundis et jours fériés

Renseignements et réservations du mardi au samedi : 02 38 79 24 85 - entrée libre